De Wassy (1562) à l’Ukraine (2023) : le long chemin de l’œcuménisme
Religion. Une rencontre œcuménique s’est déroulée dimanche 11 juin, à Wassy. Elle a réuni le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié (Vosges) et président de la Commission œcuménique pour l’unité des chrétiens. Ils ont été accueillis par Mgr Joseph de Metz-Noblat, évêque de Langres.
Cette journée œcuménique a débuté par un office religieux célébré en commun en l’église de Wassy, avec, à l’issue, une visite du musée situé à proximité de la reconstitution de la grange historique. En ce lieu s’est déroulé le premier massacre des protestants, le 1er mars 1562, par les troupes de François de Lorraine, duc de Guise et prince de Joinville. Après un repas partagé dans la Halle de Wassy, les responsables religieux ont pu échanger avec un auditoire de plus d’une centaine de chrétiens. Le pasteur Krieger a souligné qu’il s’efforce de rassembler les Eglises protestantes qui ne tiennent jamais, selon lui, de discours séparateurs. Après les grands conflits du XXe siècle, a-t-il rappelé, les Eglises ont souhaité se doter d’une institution afin de créer des objectifs convergents dans un dialogue théologique. Il a cité les luthériens et réformés qui se sont enfin reconnus, en 2013, pour la première fois en 400 ans, dans une unité de communion dans la diversité.
Selon Christian Krieger, si la doctrine divise, l’action réunit les obédiences en luttant contre des fléaux tels que la violence ou le réchauffement climatique. Dès 1959, selon le responsable, la conférence des églises européennes (qu’il préside actuellement) s’est donné un rôle de réconciliation des Nations, soutenu par certaines communautés œcuméniques comme celle de Taizé (Saône-et-Loire).
Mgr Didier Berthet lui a répondu que les églises ont des conceptions différentes de cette unité chrétienne. Au passage, il lui a expliqué son propre parcours au sein du protestantisme, à l’époque de sa jeunesse. L’évêque de Saint-Dié a estimé que l’Eglise catholique a été lente à franchir le pas de l’œcuménisme et à établir le dialogue théologique.
La guerre en Ukraine
L’évêque de Saint-Dié a déclaré que dans une société plurielle devenue insécurisante, où prédomine une mixité interreligieuse, l’œcuménisme peut ouvrir un chemin vers la réconciliation après les conflits. Le pasteur a objecté qu’au-delà de l’œcuménisme, ce sont les chrétiens qui doivent se montrer porteurs d’un plaidoyer pour la paix et la réconciliation. Or, la Fédération de Russie, par son agression de l’Ukraine, a bousculé ce concept : toutes les tentatives de cessez-le-feu ont jusque-là échoué.
Selon Christian Krieger, les diplomates auront une tâche difficile pour obtenir la paix, tandis qu’un travail de réconciliation devra suivre pour guérir les mémoires blessées.
Après le jeu des questions-réponses avec l’assistance, les responsables religieux ont inauguré de nouvelles plaques apposées sur les murs du musée protestant et du presbytère de Wassy : elles portent les dates des grands évènements qui ont marqué l’histoire commune entre catholiques et protestants.
De notre correspondant Patrick Quercy