De mieux en mieux – L’édito de Christophe Bonnefoy
De mieux en mieux. De plus en plus fort. Et autant le dire, pas vraiment rassurant. Cette fois, il n’y a pas eu mort d’homme, si l’on peut dire. La professeure d’anglais menacée par une de ses élèves dans un collège de Rennes a eu le temps de fuir. Heureusement pour elle. Elle était potentiellement en danger de mort.
Et l’assaillante – mais le mot est-il vraiment approprié, pour le coup – n’avait que 12 ans ; 12 ans ! Sans doute brimée quelques jours ou quelques heures avant par son enseignante, elle aurait voulu la tuer, c’est ce qu’elle a affirmé à ses camarades avant de tenter de passer à l’acte. La tuer. Tout simplement.
On est loin ici de ces grands malades quasiment adultes qui ont choisi pour cible les enseignants après s’être laissé embarquer par des idéologies mortifères. Il y a quelques décennies, on répondait par l’insolence à la réflexion d’un professeur. On cherche désormais à solutionner les situations de manière beaucoup plus radicale. Une sorte de banalisation de la violence. De non prise de conscience de l’échelle de gravité.
Justement, l’âge de la jeune fille, ici et sauf élément que révélerait l’enquête, ne pose pas vraiment la question d’une éventuelle radicalisation. Mais plutôt de l’éducation. Sujet qui fâche. Notamment depuis que le gouvernement s’est mis en quête, par exemple, de faire payer aux parents les écarts de leurs enfants. Comment une gamine de 12 ans peut-elle avoir eu l’idée, à un moment donné, de s’emparer d’un couteau de cuisine, de le cacher dans son sac et d’attendre le moment opportun pour frapper ? Incompréhensible en apparence. Un peu plus envisageable, si on prend pour hypothèse, plausible, la démission de certains parents. Perdus parfois, sans solution souvent face aux dérives de leur progéniture et donc incapables d’inculquer quelque valeur que ce soit.