De l’eau dans le gaz – L’édito de Patrice Chabanet
Etranges explosions que celles provoquées contre les deux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Etranges et inquiétantes, car leur simultanéité exclut d’emblée la thèse de l’accident. Il y a eu malveillance, c’est évident. Les premiers éléments pointent naturellement le conflit ukrainien, avec une question : à qui profite le crime, sachant que ces actes n’ont pas été commis par des amateurs ? Il faut avoir une solide expérience pour utiliser, à 100 mètres de profondeur, des drones ou pour déposer des explosifs.
L’Ukraine a dénoncé tout de suite « une attaque terroriste planifiée par Moscou ». En attendant les résultats de l’enquête, une hypothèse émerge : en faisant sauter ces gazoducs, à l’arrêt depuis le 24 février, les Russes démontreraient aux Occidentaux leurs capacités à perturber leurs économies. Une manière de compenser leurs revers sur le terrain militaire.
Cette affaire nous démontre, aussi et surtout, que nos flux sont plus que fragiles. D’autres gazoducs pourraient être endommagés. Plus grave encore : les dommages plus massifs que pourrait provoquer la destruction des câbles sous-marins, ceux qui assurent les transmissions d’Internet en particulier. Ils tapissent le fond des mers et des océans.
C’est bien pourquoi il serait prématuré d’enterrer la Russie de Poutine. Plus elle reculera sur le plan militaire, plus la contestation s’affirmera dans le pays, plus elle risque d’innover dans la guerre hybride. Dans ce domaine, les parades ne sont pas toujours efficaces, du moins en temps réel. L’exemple des cyberattaques est là pour nous le rappeler. Avec une croissance exponentielle.