De l’Afghanistan à Chaumont, le parcours d’Ajmal pour s’intégrer
INSERTION. Ajmal est arrivé de l’Afghanistan en septembre dernier, fuyant les talibans au pouvoir. Depuis, il a obtenu ses papiers et est donc officiellement réfugié en France, à Chaumont. Il a d’ailleurs pu faire un stage de menuiserie chez Hervé Richard, un artisan chaumontais.
Aujourd’hui, Ajmal, 23 ans, est heureux. En tout cas, beaucoup plus qu’il y a quelques mois. En août 2021, lorsque les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan, le jeune homme est inquiet. Il travaillait en effet en tant que photographe pour les journalistes étrangers.
Sa vie menacée, il a donc été rapidement en contact avec l’armée française qui l’a rapatrié dès que possible. Le 16 septembre dernier, après avoir quitté son pays, il arrive donc à Chaumont avec sa femme Zuhal et ses deux sœurs, Madina et Wajiha. Il a épousé Zuhal juste avant de partir.
Signe que leur vie était vraiment en danger, les trois Afghans obtiennent leurs papiers, c’est-à-dire leur statut officiel de réfugiés, fin novembre. Ils ont donc le droit de rester en France. Pour Ajmal, c’est un vrai soulagement surtout qu’en attendant d’être régularisé, il n’avait pas du tout le droit de travailler.
Aujourd’hui, avec l’obtention de ce sésame, il peut s’y mettre. Sa vie professionnelle française a d’ailleurs commencé ce lundi 7 février car il a entamé une semaine de stage à l’Atelier des copeaux, avec Hervé Richard, artisan chaumontais spécialisé dans la menuiserie.
Un métier à découvrir
Après une journée découverte la semaine précédente, il est donc entré de plain-pied dans le métier. Pour le professionnel, installé depuis septembre à son compte, c’est une première d’accueillir un stagiaire. « Il avait du mal à trouver quelqu’un souhaitant le prendre, surtout qu’il y a la barrière de la langue. Alors, quand le Cada (centre d’accueil pour demandeurs d’asile) m’a demandé si je pouvais l’accueillir, je n’ai pas hésité. Pourquoi ne pas lui donner une chance ? », questionne Hervé Richard.
Et ce dernier n’est pas déçu, au contraire. Surtout qu’Ajmal, en plus de ses activités de photographe, travaillait aussi en tant que menuisier en Afghanistan. « Il le faisait de façon beaucoup plus manuelle, encore un peu à l’ancienne, sans matériel électrique », a constaté l’artisan. Alors, lorsqu’il a pénétré dans l’atelier d’Hervé, il a découvert tout un monde qui lui était inconnu et il a appris à se servir de quelques outils.
« Il est très volontaire, ponctuel et agréable », explique Hervé Richard. Ensemble, ils ont partagé cinq jours de travail, en se faisant comprendre tant bien que mal. « On utilise une application de traduction qui fait le lien, oralement, entre le français et le dari, et Ajmal commence déjà à parler quelques mots de français. Finalement, on arrive toujours à se comprendre. »
Pendant la semaine, les deux compères ont surtout travaillé dans à la réfection d’une boutique chaumontaise : détapissage, peinture, création d’un mur en lattes… Après cette semaine riche en apprentissage, Ajmal compte bien reprendre ses études. Il ne sait pas encore dans quel domaine mais il ne rejette pas la menuiserie car il s’y plaît.
Laura Spaeter