De la friture sur la ligne vers Corlée
TRANSPORTS. Les dernières modifications d’horaires de la ligne de bus urbain vers Corlée pénalisent les lycéens résidant au sein de la commune déléguée de Langres, contraints d’attendre une heure. Les parents protestent, le PETR évoque un nécessaire arbitrage. Explications.
Parfois, Maude Leblanc en vient à regretter que Corlée, où elle réside, soit devenue commune déléguée de Langres, en 1972. « Nous avons tous les inconvénients, mais très peu des avantages, d’être Langrois », regrette-t-elle. Dans son (rétro)viseur, la situation des transports urbains, qui a toujours été défavorable à Corlée, de son point de vue, depuis des années : « Cela fait quatre ans que je me bats, déjà pour le transport depuis le collège, maintenant au lycée. C’est décourageant ».
La dernière problématique en date concerne sa fille Eugénie, lycéenne à Diderot (sur le site général). « Ma fille finit ses cours à 16 h ou 17 h. A chaque fois, soit elle est obligée d’attendre le bus de 18 h 10, soit elle prend un transport à la demande (TAD) ». S’il y en a de disponible : « Lundi prochain (Ndlr : demain 20 novembre), elle finit à 16 h, et j’ai appelé, il n’y aura pas de TAD possible. Elle ne sera pas là avant 18 h 30 ». Un constat d’autant plus inacceptable à ses yeux que Maude a payé 80 euros annuels de carte de bus pour sa fille : « Mais pour le TAD, il faut payer en plus ».
La situation est ainsi, en réalité, depuis plus d’un an. « L’année dernière, en septembre 2022, il y avait un bus peu après 17 h, c’était parfait. Et après les vacances de la Toussaint, terminé. Et c’est toujours comme ça actuellement », explique la maman d’Eugénie, qui a toutefois noté une évolution favorable lors de ces changements de l’an dernier : « En revanche, ils ont remis un bus le mercredi à midi alors qu’il n’y en avait pas. Pour le mercredi, c’est bien ».
Un arbitrage politique entre lycéens et collégiens de Corlée
Contacté par jhm quotidien, le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays de Langres, en charge, depuis début 2022, des transports urbains à Langres, reconnaît la validité de ces critiques. Mais assume un choix qui, en réalité, est un arbitrage effectué en lien avec la Ville de Langres au profit des collégiens corléens des Franchises, beaucoup plus nombreux que les lycéens. La situation actuelle est déjà celle qui prévalait jusqu’en juillet 2022, avec un bus au départ à 17 h 15 de la zone commerciale des Franchises, sans passage par le site principal du lycée Diderot. Les lycéens étaient déjà contraints d’attendre celui passant à 18 h 10.
« En septembre 2022, a débuté un nouveau marché de transport urbain. Le prestataire a proposé de faire évoluer l’horaire du bus afin qu’il puisse convenir aux lycéens des deux site », explique Didier Riquet, chargé de mobilité au sein du PETR du Pays de Langres. Le nouveau bus atteignait ensuite à 17 h 38 la zone des Franchises, où le transport de 17 h 15 avait été supprimé.
Cette nouvelle donne a profondément mécontenté les parents d’élèves des Franchises. Le PETR a alors effectué un comptage des collégiens et lycéens rentrant à Corlée par ce bus précis : il y avait sept élèves, mais un seul du lycée Diderot. Considérant que les collégiens, plus jeunes et plus nombreux, attendaient davantage, un retour en arrière a été effectué après la Toussaint 2022. « Nous avons alors consulté les élus de Langres afin d’arbitrer, ceux-ci ont fait le choix de revenir à la situation initiale, souhaitant limiter le temps d’attente des collégiens », confirme Didier Riquet.
Un constat que déplore Maude Leblanc, qui conteste que sa fille soit la seule concernée : « Il y a un deuxième lycéen qui est concerné et subit les mêmes contraintes », explique-t-elle, avant de conclure, amère : « Mes enfants ont le droit d’attendre dans le froid, pas ceux des Franchises ».
N. C.