De la colère – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a l’urgence. Et il y a ce qui commence déjà à se profiler, alors que le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint. L’urgence, c’est bien sûr de freiner le virus, puis de stopper son évolution pour enfin le voir reculer. Par tous les moyens. Y compris les plus élémentaires comme… des masques pour nos soignants. Mais c’est une autre histoire. Quoique…
C’est justement cette affaire de masques qui laisse subodorer ce que sera l’ambiance, une fois que le Covid-19 aura été vaincu. Règlements de comptes à OK Corral. Déjà, le monde médical et avec lui les Français dans leur ensemble, n’arrivent pas à comprendre comment, dans un pays dit civilisé – comme le nôtre donc -, pouvoir se couvrir la bouche d’un masque protecteur – un bout de tissu de quelques grammes ! – devient un luxe. On savait l’Hôpital en souffrance. Mais à ce point… Le virus a d’ailleurs fait, hier, son premier mort chez les médecins. Terrible, de mourir par le mal qu’on s’efforce de combattre…
Ensuite, si bien évidemment l’arrivée du Covid-19 ne pouvait pas être programmée, et pour cause, il faudra forcément tirer les leçons d’une situation qui laisse poindre des faiblesses aux conséquences potentiellement meurtrières. La faiblesse, en l’occurrence, n’est pas la prise de décision. Elle a été, sinon extrêmement rapide, en tout cas ferme. C’est plutôt son application qui pose problème. On pourra toujours accuser les Français d’être irresponsables. C’est en partie vrai : les images de ces foules sur les bords de mer ou dans certains parcs sont paradoxalement aussi surréalistes en cette période que d’autres, de rues totalement vides. Comment comprendre qu’on ne puisse imposer, de manière efficace, des mesures pourtant essentielles au combat engagé contre le virus ? Là aussi, il faudra peut-être engager un mea culpa.