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De guerre lasse – L’édito de Patrice Chabanet

Il est venu, il a vu mais, à la différence de César, il n’a pas vaincu. Fort de ce constat, Nicolas Hulot a jeté l’éponge. Cela fait belle lurette que l’idée lui trottait dans la tête. Mais tel Sisyphe, l’homme pensait qu’il pourrait pousser la pierre de l’écologie sur la pente escarpée de la politique. Il n’a pas réussi, parce que ce gouvernement comme les précédents a l’œil rivé sur les indicateurs économiques. Son échec n’est pas le sien. Comme il l’a reconnu, avec beaucoup de clairvoyance, il n’avait aucune troupe derrière lui. On ne gagne pas la bataille de l’environnement si l’on est général d’une armée mexicaine. Nicolas Hulot était le seul à sauver les meubles du mouvement écologique français, après les naufrages lamentables d’Eva Joly et consorts. Il n’en reste aujourd’hui que des vestiges avec des dirigeants falots et inconnus au bataillon.

Pour Emmanuel Macron, la défection de Nicolas Hulot constitue un revers important. Ce dernier, s’il ne connaissait pas les codes de la politique, a su faire mal au chef de l’Etat en ne le prévenant pas de sa démission. Trop de couleuvres avalées donnent toujours des aigreurs d’estomac. Le remplacement du ministre de la Transition écologique sera forcément délicat. Comment remplacer une figure emblématique et aimée des Français ? Le choix ne sera pas en faveur du successeur qui lui sera immanquablement comparé. De plus, l’exécutif se serait volontiers passé de cette crise gouvernementale, car c’en est une, au moment où la rentrée s’annonce difficile. Les oppositions montent déjà au créneau. Dans son annonce, Nicolas Hulot a dit tout le bien qu’il pensait de l’homme Macron et a insisté pour que sa démission ne donne pas lieu à des récupérations politiciennes. Raté. L’ancien animateur de Ushuaïa avait oublié qu’en politique, deux espèces n’étaient pas en danger d’extinction : les hyènes et les vautours. Mais à quelque chose, malheur est bon : le départ fracassant de Nicolas Hulot va sans doute provoquer, comme l’a déclaré Alain Juppé, un électrochoc salutaire en faveur de l’impératif écologique. Plus que 14 mois coincé dans un ministère.

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