De front – L’édito de Christophe Bonnefoy
Qu’il nous aura fait rire, cet Emmerdeur ! Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Quand on parle d’Emmerdeur, si on est un pur produit des années 70, on se souvient forcément de ce tueur à gage, Lino Ventura et de ce commis voyageur suicidaire, Jacques Brel. L’Emmerdeur, c’est le commis. Mais emmerdeur par naïveté, très nature et plein d’innocence.
Si on aime revisionner cette charmante comédie, on se doute bien qu’Emmanuel Macron, qui a « très envie d’emmerder les non-vaccinés » n’a, lui, rien d’un Jacques Brel, si l’on peut dire. Ses déclarations, faites lors d’une interview au Parisien, participent d’une stratégie on ne peut plus élaborée.
Il veut « emmerder » les non-vaccinés. Et va jusqu’à considérer ou pour le moins sous-entendre qu’ils ne seraient plus de bons citoyens. Sur la forme, le propos est extrêmement violent. Mais sur le fond, il conforte ici sa base électorale et va même piocher chez tous ceux, vaccinés, qui commencent à rendre les réfractaires responsables de tous les maux. C’est tendance. Malin.
Reste que le chef de l’État prend un risque, lui qui faisait à la toute fin 2021 une sorte de mea culpa. Lui qui affirmait avoir appris à aimer les Français ou regrettait certaines petites phrases polémiques. Badaboum. Vouloir emmerder les non-vaccinés ne va pas lui redonner l’image d’un Président fédérateur. C’est dans cette brèche que l’opposition, tous bords confondus, s’est engouffrée. Un peu comme si elle reprochait, une fois encore à Emmanuel Macron, d’être plein de dédain envers « ceux qui ne sont rien ».