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Dany Marchandé, artiste aux mains d’or

Il faut estomper avec une gomme taillée sur mesure.

Passion. Au cours de ses pérégrinations en Haute-Marne et dans l’Aube, Dany Marchandé photographie châteaux, manoirs, églises, rues, pour mieux les croquer au calme, dans son antre, près de la maison familiale à Mertrud, crayons de papier et tubes de peinture à portée de main. C’est alors que se dévoile tout son talent, celui d’un dessinateur, d’un peintre passionné, attaché à restituer l’ombre et la lumière, le relief, la vie.

Dany Marchandé a reçu jhm quotidien dans son atelier, à Mertrud, près de Doulevant-le-Château. Avec la gouaille du commercial qu’il était, un rire qui éclate pour ponctuer chacune de ses phrases et une modestie innée, Dany Marchandé s’est livré sur sa passion, ses passions, le dessin et la peinture.

jhm quotidien : Qu’est-ce qui vous a amené au dessin ?

D. M. : A l’école primaire, l’institutrice avait déclaré à mes parents « il dessine très bien, il faut qu’il exerce un métier en rapport avec le dessin ! ». J’ai d’ailleurs retrouvé un dessin d’école, elle avait disposé dans l’encrier un morceau de branche avec deux noix éclatées qui commençaient à mûrir. J’avais 7 ans, elle m’a mis 9,5/10 ! J’ai donc appris le dessin industriel et, à l’armée, j’ai assimilé le dessin d’architecture. J’ai pu m’adonner à ma passion la retraite venue, il y a quatorze ans.

jhm quotidien : Quels sont vos sujets de prédilection ?

D. M. : J’ai commencé par recenser tous les châteaux de Haute-Marne. Il n’y en a pas loin de 400 et j’en ai dessiné environ 200 ! Puis les églises, qui sont aussi nombreuses dans notre département.

jhm quotidien: Comment procédez-vous pour donner du relief à vos dessins ? Quand on voit celui de l’église de Doulevant-le-Château, on a presque envie de s’engager sur la route et grimper jusqu’à l’édifice !

D. M. : (rire) Les aquarellistes me reprochent de trop bien dessiner, de mettre trop de détails, mais c’est ce qui me passionne ! Au départ, je réalise un quadrillage, une mise en page avec des repères, ça me permet de respecter sans erreur les proportions et la perspective. Je travaille d’après photos, je prends plusieurs clichés, je les réajuste pour tout mettre à échelle identique. Je n’ai pas le temps de planter un chevalet devant les édifices ! Ensuite, les crayons de papier entrent dans la danse et déclinent toutes les nuances de gris et de noir, les mines tendres pour les parties les plus sombres et les mines dures pour les plus pâles. C’est le clair-obscur obtenu qui donne de la profondeur au dessin.

jhm quotidien : Une multitude de classeurs se disputent la place sur les étagères, combien de dessins avez-vous réalisés ? D. M. : Peut-être 1 000, 1 500, je l’ignore ! J’en fais deux par semaine, il faut environ huit heures pour composer un dessin. J’ai tout classé par ville ou village de Haute-Marne et par ordre alphabétique, de A à W. Il y a même Morteau, la plus petite commune de France au XXe siècle, qui comptait onze habitants et un château ! J’ai dessiné aussi des églises à pans de bois, environ 200. J’ai reproduit des bâtiments historiques qui n’existent plus à partir d’anciennes gravures. Je travaille surtout sur du format A4.

Edifices, aquarelles, tableaux à la Douanier Rousseau

jhm quotidien : Même si reproduire des édifices semble être votre production majeure, il y a là des tableaux naïfs, façon Douanier Rousseau, des aquarelles, des personnages, des statues éthérées, des signes du zodiaque, des peintures sur fond noir. De quoi se nourrit votre imagination ?

D. M. : J’ai des goûts très éclectiques ! Par exemple, j’illustre des fables, des proverbes, des maximes, c’est une véritable inspiration artistique. J’aime faire des compositions, comme le Paradis de Sommevoire, avec les deux églises, Saint-Eloi, une dame, des colombes. La femme de dos, c’est une statue de la GHM érigée à Rio de Janeiro. Il est plus difficile de dessiner des fesses (rires) ou le voile qui la recouvre pudiquement que d’esquisser un visage. Ce qui est compliqué pour moi, ce sont les portraits, comme les présidents de la République dans l’ombre du général de Gaulle.

jhm quotidien : Vous aimez peindre aussi les animaux, comme ces coqs de basse-cour…

D. M. : Le coq, c’est mon surnom, mon emblème ! En réalité, les animaux m’inspirent. Là encore je compose, je reproduis une partie d’une photo, puis d’une autre, j’ajoute des fleurs, du sable, un fond d’arbres, le ciel. J’ai fabriqué du miel alors j’ai esquissé des abeilles, je peins aussi des renards, des vaches, des scènes de chasse à l’ancienne. C’est surtout de l’aquarelle dans laquelle il ne faut pas travailler avec trop de minutie. Le tableau doit dégager une vue d’ensemble, il faut laisser libre cours à l’imagination de celui qui observe. J’ai vu un jour un carreau cassé avec un trou, je l’ai dessiné, j’y ai ajouté une araignée tissant sa toile. J’aime beaucoup le tableau des chouettes peint en acrylique sur du bois, un peu en trompe-l’œil.

jhm quotidien : Vous donnez aussi dans le mystique ?

D. M. : (rires) Oui ! Il y a trois ans, j’ai peint des tableaux pour l’église de Brienne-le-Château illustrant des phrases de la Bible “Tu aimeras ton prochain comme toi-même, “aime le Seigneur de tout ton cœur” ou une recommandation “prends soin de la planète Terre”. Ils devaient se voir du fond de l’église et s’adresser aux fidèles mais aussi aux non-croyants. Je les ai réalisés, après un essai non concluant car ils étaient trop petits, sur du contre-plaqué de 1 m x 1,5 m sur lequel j’ai appliqué du gesso pour créer une surface lisse et blanche puis j’ai peint à l’acrylique. J’avais omis de mettre un S majuscule à seigneur, il a fallu que je rectifie ! Ils ont été vus plus de 3 000 fois sur Facebook ! Je travaille encore actuellement sur les églises du canton de Brienne sur demande de l’office de tourisme. Il y en a une quarantaine, j’en ai fait la moitié.

jhm quotidien : Le papier dessin classique est-il votre seul support ?

D. M. : Non, je peins aussi en blanc sur fond noir, ça donne du relief. Je tente des expériences, comme coller des dessins sur des plaques de plexiglas éclairées à l’arrière. J’ai peint sur de l’inox l’ancienne porte de Wassy et Camille Claudel, il faut alors recouvrir de vernis. Je vais essayer sur de l’alu, j’ai vu un artiste le faire au Canada, c’est original.

L’encadrement n’est pas laissé au hasard !

jhm quotidien : Même les cadres sont diversifiés !

D. M. : Pour changer du bois classique, j’ai mis le coucher des oiseaux et le vol des grues au Der dans un cadre d’alu thermolaqué. Je vais aussi réaliser des encadrements avec des chutes d’aluminium.

jhm quotidien : Vous avez exposé à la Fête des moissons de Dommartin-le-Saint-Père, d’autres expositions sont-elles prévues ?

D. M. : Je fais ça avant tout pour le plaisir, au niveau matériel ça me coûte plus cher que ça me rapporte ! Mais un tas de gens exposent, alors pourquoi pas moi ? Il faudrait une expo permanente, pendant deux mois, dans un endroit de passage.

De notre correspondante Catherine Millot

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