Dans l’expectative – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le mouvement des Gilets jaunes a ouvert le champ de tous les possibles. Dans tous les sens du terme, positif comme négatif. Tant du côté des manifestants que du gouvernement. Principales raisons : des actions globalement coordonnées, mais sans leader charismatique. Avec tous les risques que cela comporte. Et en face, une réponse d’Emmanuel Macron qui se veut ferme, mais sans garantie de résultat puisque le chef de l’Etat doit gérer une colère souvent diffuse.
Chacun avance avec ses certitudes, mais dans le flou. Samedi, la manifestation parisienne aura bien lieu. Elle a été autorisée. Mais sur le Champ-de-Mars. Moins risqué que la place de la Concorde, au regard des incidents de la semaine dernière. Et pour combien de manifestants au total ? Là aussi, c’est le grand mystère. Le gouvernement table sur 30 000 personnes, mais en se basant… sur les réseaux sociaux. Un pari on ne peut plus aléatoire. Peut-être plus, peut-être moins. Les Gilets jaunes eux-mêmes, s’ils annoncent une lame de fond, restent bien incapables d’avancer des chiffres. Et pour cause. Autre grande inconnue : la structure même de la foule qui investira la capitale. Bien sûr, il y aura sans doute une majorité de contestataires “de base”, fâchés mais pacifistes. Mais pour combien d’éléments radicaux, donc incontrôlables ? C’est une autre grande inquiétude, on n’en doute pas, du ministre de l’Intérieur.
Autrement dit, en définitive, personne ne sait ce qu’il va advenir d’un mouvement qui, en quelques jours, s’est considérablement affaibli au niveau national, même s’il reste des irréductibles, un peu partout en France. Personne ne sait, en particulier samedi, si on retombera dans le traditionnel avec une manifestation comme on a l’habitude de les connaître ou si on assistera à une dérive violente due à quelques dizaines ou centaines d’individus. Au final, tout le monde se cherche un peu, des deux côtés.