Dans les coulisses du succès de Linguisticae
A l’occasion de la sortie de son livre « Les mots sont apatrides« , en librairie depuis le 27 avril, Romain Filstroff, le vidéaste à l’origine de la chaîne YouTube Linguisticae, se livre sur son parcours, entamé il y a 8 ans.
Le créateur de la chaine Linguisticae, Romain Filstroff, alias Monté, continue de transmettre sa passion pour la linguistique. Après son livre sorti en 2017, « Les autres ne savent plus écrire », il revient avec « Les mots sont apatrides« , publié le 27 avril. Dans les pages de ce dernier, il mêle évolution des langues et géopolitique européenne.
A l’occasion de la sortie de son livre, celui qui compte plus de 400 000 abonnées sur YouTube raconte son parcours. A l’origine de la chaîne Linguisticae, se trouve un blog de linguistique. En 2014, l’arrivée des premières chaînes de vulgarisation scientifique, comme Nota Bene ou e-penser, inspire Romain Filstroff. Lui aussi veut se lancer dans l’aventure YouTube. Il créé alors la chaine Linguisticae en 2015.
Rapidement, il rencontre d’autres youtubeurs et l’écho de sa chaîne prend de l’ampleur. « Je ne pensais pas en vivre, je pensais que ça allait être un hobby », confie Monté. Sa chaîne fait son premier grand bond un an après sa création, avec une vidéo de décryptage d’une réforme d’orthographe. « J’avais 40 000 abonnés. A la suite de la vidéo, j’en ai gagné 15 000 ! »
Chance
S’ensuit un partenariat avec le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) pour la production de deux vidéos. Une portant sur la novlangue de George Orwell, l’autre sur l’elfique de Tolkien. « Ce sont des vidéos qui n’ont pas fait beaucoup de vues, mais quand je rencontre des abonnés, ce sont celles qui ressortent le plus souvent, qui ont le plus marqué les esprits. »
Autre tournant dans le succès de Linguisticae, la vidéo « La VERITE sur l’académie française », la plus visionnée de la chaîne avec 820 000 vues. « C’est une vidéo très critique, voire un peu à charge… mais, en même temps, il y a de quoi ! » Ceux connaissant le ton Monté ne seront pas surpris par cette déclaration.
C’est d’ailleurs en restant en phase avec ses valeurs qu’il remercie avant tout sa chance et non son mérite, la méritocratie pure et dure étant une illusion à ses yeux. « Il faut être capable de se renouveler en permanence, mais après, c’est une grande part de chance. Des rencontres apportent des opportunités, les algorithmes favorisent une vidéo plutôt qu’une autre… Ce sont des paramètres sur lesquels personne n’a de levier. La chance est le paramètre le plus important. »
Julia Guinamard
Plus fort que Google traduction
Romain Filstroff n’a pas décidé de vulgariser la linguistique avec seulement quelques langues étudiées. Loin de là. Il parle couramment français, anglais, allemand et italien. Il comprend à l’écrit l’espagnol, le portugais, le catalan, l’espéranto, le néerlandais, le luxembourgeois, le suédois et des dialectes germaniques. A noter que son grand-père paternel est de Moselle, département dans lequel des personnes parle encore le francique mosellan.
Sans oublier les autres langues qu’il a étudiées, mais dont il ne lui reste que quelques bases bancales : le finnois, le japonais, le grec moderne, l’irlandais, le breton et des langues slaves. Ou encore celles pour lesquelles il aurait bien du mal à trouver un interlocuteur pour discuter : le latin vulgaire, le hittite, le germanique, le vieil irlandais et le sanskrit védique.
De Chaumont à Vienne
Né à Chaumont, Romain Filstroff a passé son collège et son lycée à Langres avant de revenir terminer ses années d’adolescence dans la cité-préfecture. Puis, il a quitté la Haute-Marne pour les études. D’abord en direction de Nancy, en licence sciences du langage, puis de Dijon, en licence langues, littératures et civilisations étrangères et régionales. Après ce premier cursus, la curiosité de Monté n’était pas assouvie. Il décide de poursuivre en master et part à Vienne, en Autriche, pour étudier la linguistique historique et indo-européenne.