Dans la tourmente – L’édito dePatrice Chabanet
D’erreurs d’appréciation en couacs, en passant par le manque d’expérience politique, l’exécutif et sa majorité s’enfoncent dans l’épais brouillard de tous les dangers. Les tensions qui se manifestent au sein même de LREM donnent la mesure d’une fébrilité certaine. Le sentiment d’être perçu comme un parti godillot dans l’affaire du congé parental en cas de décès d’un enfant a exacerbé un début de rébellion. Dans la ligne de mire des contestataires : Emmanuel Macron. Ignorait-il la portée d’un texte à la fois aberrant et révoltant ? Son appel à « davantage d’humanité » a été interprété plus comme une réprimande que comme la prise de conscience de la gravité de la situation. Il a finalement aggravé son cas.
On n’en est pas encore à la fragmentation de la majorité, mais aux marges du parti macronien des forces centrifuges se manifestent. L’initiative prise par Jean-Yves Le Drian s’inscrit dans une démarche qui a des parfums d’émancipation. En créant un pôle de gauche, baptisé « Territoires de Progrès », il se démarque d’un exécutif jugé trop à droite. Le calendrier politique n’est pas fait pour réduire ce tangage. Les municipales qui s’annoncent sombres pour la majorité risquent d’alimenter des réglements de compte pour rechercher les responsables d’une déconvenue probable. Sans parler du débat à l’Assemblée sur la réforme des retraites. Prise dans la tourmente entre la droite et la gauche, la majorité va souffrir. Surtout avec une France Insoumise bien décidée à faire de l’obstruction avec ses 19 000 amendements (une singulière conception du débat démocratique, soit dit en passant). Emmanuel Macron, on le sait, veut rester au-dessus de la mêlée. Mais les électeurs, on le voit dans les sondages, le rendent responsable de tous les faux pas de sa majorité et de son gouvernement. Logique : le parti majoritaire, sans véritable ancrage local, peu habitué aux batailles politiques, c’est sa propre création.