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Dans la douleur – L’édito de Patrice Chabanet

L’économie est un fleuve pas vraiment tranquille. Avant-hier, c’était l’euphorie : créations d’emplois chez Toyota, à Valenciennes, et promesses d’importants investissements étrangers, annoncées au château de Versailles. Hier, c’était plutôt la soupe à la grimace servie par le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard : suppression de 2 400 postes de travail, essentiellement en Ile-de-France, et plan social pour les 2 100 salariés des 273 ex-magasins Dia. L’ex-patron de Fnac-Darty veut appliquer un traitement de cheval au groupe de distribution qu’il pilote maintenant. Son plan marche sur deux jambes : réduction drastique des coûts et redéploiement stratégique. Sa nomination à la tête de Carrefour visait précisément à remettre sur pied une entreprise qui décrochait dans le classement de sa catégorie. La feuille de route annoncée hier est destinée à faire coup double : retourner la situation et anticiper sur l’évolution des habitudes des consommateurs. Les hypermarchés n’ont plus la cote. Ces cathédrales de la consommation sont désormais perçues comme d’immenses hangars, éloignés des centres-villes, sans âmes. Ils sont concurrencés par les supérettes de quartier, les achats en ligne et le système du drive.

L’erreur des prédécesseurs de Bompard est d’avoir ignoré cette mutation en profondeur des modes de consommation. C’est d’autant plus incompréhensible que ce groupe, comme ses homologues, était censé disposer d’un top management de haut vol, de services marketing pointus et d’une batterie de consultants toujours prompts à promouvoir des stratégies clefs en main. On a vu le résultat. Le PDG de Carrefour a promis de tout mettre en œuvre pour faciliter le reclassement des salariés concernés. Il n’empêche, l’annonce brutale d’une restructuration du sol au plafond n’est pas très rassurante, même si elle traduit une prise de conscience salutaire. Elle signifie que l’entreprise – plus de 110 000 salariés en France – allait tout droit vers un accident industriel.

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