Dans la brèche – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les amalgames seront bien difficiles à éviter dans l’attaque de Villeurbanne. L’enquête s’est dès samedi soir orientée vers un assassinat plutôt qu’un attentat. Le peu qu’a daigné exprimer l’agresseur parle pourtant de la voix de Dieu, qui lui aurait ordonné de tuer. On connaît les pseudo-motifs religieux qui ont dicté les actes des terroristes, notamment depuis 2015. Le procureur a, hier, dressé le portrait d’un homme dérangé, pour dire les choses simplement. Mais il est Afghan et demandeur d’asile. Il n’en fallait pas plus pour que le Rassemblement national, entre autres, s’engouffre dans la brèche et dénonce la politique migratoire du gouvernement.
L’enquête déterminera qui est exactement celui qui a tué un jeune homme de 19 ans et a blessé huit autres personnes. Elle tentera d’identifier ses motivations. Elle devra aussi évaluer, avec l’aide des psychiatres, son degré de responsabilité au moment des faits. Elle retracera son parcours.
Les responsables politiques devront, eux, sans démagogie et avec le recul nécessaire, tirer des conséquences, notamment concernant le suivi des demandeurs d’asile, puisqu’on sent bien que le débat est déjà sur la table. S’ils ne le font pas, ils laisseront justement la porte grande ouverte à tous les raccourcis de ceux qui voudraient faire des réfugiés – de tous les réfugiés sans distinction -, des assassins en puissance. Ce qui n’est évidemment pas le cas.
Seul constat encourageant, si l’on peut dire, l’attitude des témoins qui, avant l’arrivée des policiers, ont neutralisé l’assassin aux couteaux. Sans violence, sans céder à la colère. Une attitude qui tranche avec la sauvagerie de cet homme qui a frappé à l’aveugle.