« Dans cinq ans, notre lycée aura une gestion optimisée de l’eau »
Au lycée d’enseignement général et technologique agricole Marie-Durand à Rodilhan, près de Nîmes (Gard), la question de l’eau devient cruciale. Au printemps, la Région Occitanie a fixé à tous ses lycées l’objectif de réduire de 20 % leur consommation d’eau et elle a désigné cet établissement comme pilote en la matière, à l’instar du lycée Louis-Pasteur à La Canourgue (Lozère).
« Nous sommes un réservoir de matière grise. Nous fourmillons d’idées pour mieux stocker l’eau l’hiver, recycler les eaux grises, réutiliser l’eau de pluie et économiser l’eau », explique Françoise Soustelle, secrétaire générale de l’établissement. A ses côtés, la proviseure Nathalie Lenoir acquiesce. « Nous avons pour mission de former nos apprenants à la transition écologique et au changement climatique. C’est donc dans la logique des choses de réussir à mieux gérer l’eau sur cet Agro Campus qui ressemble à un gros village avec ses 400 élèves, ses 300 apprentis et ses personnels. Je suis certaine que nous parviendrons à une gestion tout à fait optimisée de l’eau dans notre lycée d’ici cinq ans ».
L’établissement est pourtant l’un des plus vieux lycées agricoles de France. Il a été construit dans les années 1960, à l’époque où la culture du risque portait sur les inondations et non sur le manque d’eau. « Il y a tout à créer ! » reconnaît volontiers Cindy Laurent, enseignante en aménagement paysager.
La stratégie “eau” de l’établissement repose donc notamment sur la récupération de l’eau de pluie, en espérant qu’elle tombe enfin en quantité après deux hivers particulièrement secs, et le réemploi des eaux grises. Pour y parvenir, des cuves géantes doivent être créées dans deux zones de stockage distinctes.
« Compteurs-espions »
Parallèlement, le lycée devra procéder à d’importantes économies d’eau. « Nous sommes déjà équipés depuis plusieurs années de compteurs-espions pour mesurer notre consommation d’eau, explique Françoise Soustelle. Certains robinets ont des réducteurs de pression et les sanitaires disposent de chasses d’eau économiques, notamment à l’internat. Notre plombier est sensibilisé à la question du gaspillage de l’eau, et nos apprenants aussi. Mais nous voulons aller plus loin ».
En matière d’économies d’eau, la Région, qui se veut « exemplaire », a promis d’installer des équipements hydro économes pour les ouvertures ou les extensions d’établissements : des mousseurs pour les robinets, des réducteurs de pression et de débit, des arrosages au goutte-à-goutte, des chasses d’eau aux volumes réduits. Désormais, la consommation d’eau de chaque lycée sera suivie en temps réel. Des “éco-délégués” doivent aussi être élus, dans les classes des lycées et des collèges, pour participer à la mise en œuvre d’actions écologiques dans leurs établissements. Les établissements qui sortent de terre doivent en outre avoir un objectif de “zéro imperméabilisation” des sols extérieurs pour faciliter l’infiltration des eaux et recharger les nappes phréatiques.
Dans la cour, des plantes originaires d’Australie
Cindy Laurent nous emmène dans l’immense cour centrale du lycée qui va faire l’objet d’un aménagement paysager particulièrement peu gourmand en eau. Pour l’heure, 2 000 m2 de béton entourés d’arbres s’étirent sous le soleil. « Nos élèves ont conçu différents projets lors d’un concours et le meilleur d’entre eux a été retenu. Il consiste à adapter la végétation en privilégiant des espèces locales méditerranéennes comme l’olivier, le ciste ou la lavande mais aussi en testant des plantes originaires de Californie, d’Australie et d’Afrique du Sud issues de notre partenariat avec le jardin botanique de Château Peyrouse, explique-t-elle. Nous allons également créer des îlots de fraîcheur en végétalisant certains espaces afin de faire baisser la température l’été et donc réduire l’évapotranspiration des plantes. Et les sols seront désimperméabilisés afin de limiter le ruissellement ».
« Nous voulons être un laboratoire d’idées précurseur en matière de gestion de l’eau afin que notre stratégie soit dupliquée ailleurs », souligne Françoise Soustelle en arpentant la cour. Les élèves et les apprentis, qui vont mener à bien le chantier sous l’égide de la direction, n’ont pas fini de phosphorer.
Laure Charette, Midi Libre