Dame nature – l’édito de Patrice Chabanet
Le petit village de La Laigne, en Charente-Maritime, se serait sans doute bien passé de sa soudaine notoriété. Un séisme d’une magnitude de 5,3 sur l’échelle de Richter y a provoqué des dégâts importants. Sans faire de blessés, fort heureusement. En l’espace de quelques secondes, Dame Nature s’est rappelée à notre bon souvenir. C’est elle qui donne le tempo de notre humaine condition. En France, elle s’est limitée à une alerte, sévère certes mais largement en-deça des catastrophes qui balafrent notre planète : le tremblement de terre dans le Sud de la Turquie, les incendies incontrôlables qui dévorent les forêts canadiennes, la sècheresse qui annonce pénuries au mieux et famines au pire.
On peut gloser à l’infini sur la coresponsabilité de nos sociétés : priorité donnée aux essences les plus rentables dans les forêts, bétonisation des sols, constructions mal conçues dans les zones sensibles, aménagement du territoire à courte vue, souvent exposé à la pression des intérêts particuliers, corruption endémique dans certains pays etc. Mais il serait vain de battre systématiquement notre coulpe ou celle de tel ou tel groupe politique ou social. La Nature détient une carte maîtresse : elle frappe quand elle veut, avec parfois un déchaînement de violences insoupçonné. Les témoignages sont éloquents. Tel village assailli par un torrent de boue, « du jamais vu depuis des décennies.. » entend-on rituellement.
Les Japonais l’ont bien compris. Malgré son exposition dans une zone à très hauts risques, leur pays subit de faibles pertes humaines lors de chaque séisme. Une réglementation scrupuleusement observée et la discipline légendaire de la population font la différence.