Culture : Salon du livre : ça tourne à Chaumont
“Tournage en cours”. Ces mots, personne à Chaumont n’a l’habitude de les voir, et encore moins sur les portes d’entrée de la médiathèque les Silos. Ce week-end pourtant, le lieu s’est transformé en plateau de tournage pour le Salon du livre virtuel. À voir à partir du 5 décembre 2020.
Deux chaises, une table avec des bouteilles d’eau, un micro par personne et deux personnes qui se font face, le tout à la médiathèque les Silos. Pas de doute, nous sommes bien à une rencontre littéraire organisée dans le cadre du Salon du livre de Chaumont. Sauf que l’ambiance est bien différente des années précédentes. Hormis les deux intervenantes, aucun bruit. On entendrait une mouche voler. Et puis, surtout, il n’y a quasiment pas de public. Une dizaine de personnes, maximum. Enfin, tout autour de ces deux femmes, se trouvent des caméras, des câbles, des lumières… Voilà à quoi ressemble la 18e édition du Salon du livre de Chaumont, côté coulisses.
Pour la première fois, et suite aux conditions sanitaires exceptionnelles en France, le Salon se passera en virtuel. Seules les rencontres avec les scolaires ont eu lieu la semaine dernière. Pour le reste, notamment pour les rencontres et les entretiens, le public est invité à se rendre derrière un écran, sur la chaîne Youtube du Salon.
Cette idée toute nouvelle a été imaginée par l’équipe des Silos et la Ville. Pour des images d’une qualité optimale, ils ont fait appel à la société “les Archimèdes” située à Dijon. Les auteurs et intervenants ont presque tous décidé de les suivre.
Ce week-end, ils étaient pratiquement tous à Chaumont pour enregistrer leur partie. Hier après-midi, à 14 h 30, c’était le tour de Valentine Goby, romancière. Pour ce grand entretien, elle se faisait interroger par Élodie Karaki, docteur en littérature française. Ensemble, elles ont évoqué le dernier livre de l’auteur “Murène”, sorti en 2019, ainsi que son adaptation pour la jeunesse “l’anguille”, disponible depuis août dernier. On y suit le parcours de François Sandre dans les années 50. Celui-ci vient d’avoir un accident à la suite duquel il devra être amputé des deux bras. Il entamera ensuite une carrière dans le sport.
Proche de la réalité
Un récit que Valentine Goby a voulu au plus proche du réel. « Au départ, l’ampleur de cette partie ne faisait pas partie du projet du livre », explique-t-elle. En commençant à écrire, elle voulait que son personnage soit directement dans l’action, qu’il se réveille à l’hôpital et qu’il sorte. « Mais je l’ai fait lire au chef du service rééducation fonctionnelle de l’hôpital Percy et il a poliment souri : le coma artificiel n’existait pas dans les années 50 ! » La voilà donc avec tout un scénario à réadapter pour coller au réel. « François ne pouvait pas se réveiller subitement avec un corps réparé ! »
Valentine Goby s’est confiée sur d’autres choix dans le roman, a parlé du concept de monstre, de son livre d’aventurier, de médecine, de l’imagination, d’écrivain public, de jeux olympiques… Au bout de 40 minutes, l’entretien est terminé. Valentine Goby et Élodie Karaki, qui se connaissent un peu, en profitent pour échanger. Pour elles, il était bien naturel de venir à Chaumont, de participer vraiment à ce 18e Salon du livre. « Dès qu’on a su, on s’est appelé ! », se souviennent-elles. Elles savent que tout aurait pu se faire en visio, chacune chez soi, mais pensent que la rencontre aurait perdu en naturel. « Je l’ai fait il n’y a pas longtemps mais je suis moins concentrée. Y’a ma fille derrière, un plat au four, mon compagnon qui se cache », rit Valentine Goby. En face d’une personne en chair et en os, elle a aussi l’impression d’être meilleure car l’intervenant rebondit sur ce qu’elle dit, la pousse à penser d’autres choses. À Chaumont, elle s’est sentie bien et, grâce à l’équipe technique, elle n’avait pas l’impression de parler seule. Seul regret : « On n’interagit pas avec le public puisqu’il est absent ! »
Pour les curieux et amoureux de la littérature, l’émission tournée avec cet auteur sera visible le 6 février prochain. Il s’agit de la 10e et dernière.
Laura Spaeter
l.spaeter@jhm.fr