Cruel – L’édito de Christophe Bonnefoy
La France du foot avait un accent on ne peut plus marqué hier. Celui qui fait chanter la sardine du port façon Pagnol. Celui qui exagérait à peine en imaginant déjà, c’était sûr, c’était écrit, l’Olympique de Marseille réitérer l’exploit de 1993 face au grand Milan. Certes, l’Europa League n’est pas celle des Champions. Mais tout de même. Le ballon rond hexagonal rêve beaucoup, et depuis des décennies… mais se réveille souvent avec la gueule de bois. En tout et pour tout, seuls le PSG et son rival marseillais avaient atteint le Graal. La Coupe des Coupes pour le premier, la Ligue des Champions pour le second. Un bilan bien maigre au bout du compte.
Le match d’hier soir, face au solide Atletico, avait ainsi quasiment valeur de finale de Coupe du monde, pour tous ceux qui aiment voir étinceler les couleurs tricolores. On exagère à peine. A la Marseillaise.
Thauvin contre Griezmann. La tête dans les nuages des Olympiens contre les pieds sur terre des Madrilènes. La candeur contre l’expérience, presque. Et finalement l’inimaginable contre le trop prévisible.
Mais le doux rêve olympien s’est cassé les dents sur le réalisme espagnol. Y’a des jours sans… et des erreurs qui ne pardonnent pas. Par exemple celle d’Anguissa, fatale alors que les Marseillais avaient le match en main. Il y a, aussi, ces dieux du foot qui, parfois, viennent gâcher la fête sur blessure. Pas la leur, mais celle de Payet, homme fort de l’OM.
Une fois encore, le septième ciel était un peu haut.
Mais on ne peut pas enlever aux hommes de Garcia d’avoir su nous faire rêver. La défaite est cruelle, certes. Mais le parcours fut beau, tout comme l’envie qu’ont montrée les Marseillais tout au long de la saison. Il leur reste, encore, l’espoir d’accrocher le podium de la Ligue 1. Jouable.