Judo : cruel et encourageant pour Axel Clerget !
Le Bragard Axel Clerget, pour son grand retour en compétition, à Bercy, après les Jeux de Tokyo, a été battu dans les dernières secondes de son premier combat. Pour une première en -100 kg, le Haut-Marnais, à court de judo, a néanmoins montré de belles choses dimanche 6 février.
Le judo, comme le sport en général, peut être à la fois beau et cruel. Le Bragard de 34 ans Axel Clerget, pas apparu en compétition depuis son titre aux Jeux olympiques par équipes mixte, fin juillet, peut le confirmer. Dominateur contre le Croate Kumric, 26e mondial, dimanche 6 février, pour sa première en -100 kilos, avec un avantage d’un “waza-ari”, sur un fauchage intérieur dont c’est l’une de ses spécialités, et deux pénalités à une en sa faveur, le Haut-Marnais s’est incliné à quelques secondes du gong, sur l’une des rares attaques de son adversaire (un enroulement). Rageant !
« Tant qu’Axel se décalait à droite, c’était bon. Avec la fatigue, il a eu une absence de quelques secondes qui a fait la différence et le Croate en a profité pour attaquer de l’autre côté », résume son père, Francis. Un sentiment partagé par le judoka.
« Je ne dois jamais perdre »
« Je ne dois jamais perdre. Je mène et je sens Kumric exploser complètement. Le combat est maîtrisé, même s’il n’y a pas eu grand-chose au sol. Et pourtant, c’est lourd et puissant en face. Il a essayé de me pousser en bordure de tapis. Sur la fin, il y a un moment où je ne fais pas l’effort sur la séquence. Cela se travaille à l’entraînement. Quand tu as moins de fatigue, tu dois arriver à te replacer de face. Je recule et il saisit l’occasion. Il n’a plus rien à perdre. C’est bien. Cela montre que c’est un champion, alors que je suis concentré. Je n’ai pas fait le travail. Il y a une justice. Je vous avais dit que je n’étais pas entraîné. Cela aurait été une escroquerie de passer. Dans le sport, des fois, on dit qu’il n’y a pas de justice. Là, il y en a une. Je suis arrivé pour me faire plaisir et pour être devant ce public. Cela fait du bien. J’aurais aimé aller au bout et faire trembler Bercy. Je monte de catégorie, je ne suis pas entraîné et heureusement que je perds. C’est le haut niveau », résume le Bragard, licencié à Sucy, qui revient d’une grosse opération en octobre, une pubalgie qui le handicapait tous les jours depuis un an et demi.
Si son corps l’a cette fois laissé tranquille dimanche, le manque d’entraînement, plus le Covid, ont eu raison des espoirs du médaillé européen, mondial (en individuel), et olympique (par équipes mixte). C’est aussi la deuxième fois, après 2007, son premier tournoi de Paris, qu’Axel est éliminé d’entrée. Depuis, et notamment depuis 2017, son palmarès s’est bien étoffé, avec aussi plusieurs podiums parisiens. « Je ne regrette pas de m’être aligné. J’ai pris du plaisir à me remettre en condition de compétition, à retrouver l’ambiance de Bercy, et sentir ce public toujours derrière moi, et je donne rendez-vous l’année prochaine. C’est un match que je dois passer en étant entraîné. Cela me donne la “dalle” pour y retourner. C’était ce qu’il fallait. Avec la fleur au fusil, tu te fais “tordre”. C’est normal », poursuit Axel Clerget, dont c’était la dernière avec Christophe Massina, son coach en équipe de France depuis 2017.
« Un gros bloc d’entraînement »
Sur les prochaines compétitions, qui n’arriveront pas avant plusieurs mois, Axel Clerget pourrait de nouveau s’aligner en -100 kg. « On va faire le point, mais je pense que oui. La suite sera quoi qu’il arrive un gros bloc d’entraînement. J’en ai besoin. Je vais m’entraîner avec des étrangers cette semaine, et puis je souhaite faire un stage à l’étranger par mois, soit trois à quatre mois de judo, pour retrouver les automatismes, les réflexes, pour m’exprimer », enchaîne le champion, qui ne sait pas encore s’il sera aligné sur les championnats d’Europe, fin avril, à Prague. « La Fédération semble avoir une politique différente, avec le lancement des jeunes. Mais la peau du “vieux” va valoir cher (sourires). Je ne vais pas perdre au premier tour à chaque fois. On sait de quoi je suis capable. Trois mois après une opération, j’ai pu faire un échauffement sans douleur, m’exprimer tranquillement. C’était loin d’être gagné et le défi est bien relevé, même si ce n’est pas de la meilleure des façons. Et cela relance cette olympiade 2024. Il y a deux ans, j’avais fait le tournoi avec des anciennes douleurs. Depuis Bercy 2020, je n’ai pas pu m’entraîner plus de trois mois en deux ans. Il n’y a pas de secret. J’ai envie, j’ai le physique, j’ai les armes pour retrouver le très haut niveau. Je prends un -100 kg et je finis sans douleur. C’est quelque-chose de nouveau », conclut le judoka, qui garde le sourire après des semaines et des mois très difficiles.
Nicolas Chapon
n.chapon@a-guiguejhm-fr
En direct
Les filles à la fête
Comme souvent ces dernières années, les Françaises ont ramené un maximum de médailles, à Paris. Après l’or de Buchard, samedi, en -52 kg, Margaux Pinot, en -70 kg, Audrey Tcheuméo, en -78 kg, se sont imposéés. En plus de l’argent pour Romane Dicko, en +78 kg, et du bronze pour Julia Tolofua (+78 kg) et de Madeleine Malonga (-78 kg). Pour les garçons, il n’y a eu aucun podium dimanche.
Gneto perd son portable
L’image a fait le tour des réseaux sociaux. Samedi, la judoka française Priscilla Gneto a été disqualifiée après avoir fait tomber son téléphone sur le tatami. Elle l’avait oublié dans sa poche.
Les Marnavalais étaient là pour Mélanie Clément
Samedi, dans les travées de Bercy bien remplies, une cinquantaine de Bragards étaient venus encourager Mélanie Legoux-Clément, finalement cinquième. Une belle marque de soutien pour celle qui est à Marnaval/Saint-Dizier 52 depuis 2014.