Crispations – L’édito de Patrice Chabanet
Haute tension à l’Assemblée nationale. L’évolution de la pandémie agit sur les fractures de la classe politique. 21 000 contaminations pour la seule journée d’hier…Il y a largement de quoi alimenter la polémique quant au bien-fondé ou non du pass sanitaire. Faut-il s’en émouvoir ? Certainement pas, contrairement à ce que peuvent penser les idéalistes. Peut-on imaginer un seul instant que, face à une pathologie dont on ne connaît pas tous les pièges, le débat puisse suivre le cours d’un long fleuve tranquille ? Les Français restent des Français. Leurs élus reflètent leur propension à la division permanente. Quand, de surcroît, se fait chaque jour un peu plus grande l’ombre de l’élection présidentielle l’occasion fait le larron. Dans d’autres pays, les confrontations politiques sont plus violentes.
D’une certaine manière, la représentation nationale n’est pas tombée dans les outrances de ce qu’on a pu voir dans la rue. Les élus, quels que soient leurs bords, n’utilisent pas l’étoile jaune comme argument. Ils ne souillent pas l’Histoire pour convaincre, en captant l’héritage d’un drame comme la solution finale. Bref, toute la différence entre démocratie, même nerveuse, et populisme sans pudeur.
Autre enseignement du débat parlementaire : l’apparition d’une nouvelle fracture : un bloc central modéré et un bloc extrémiste de gauche et de droite. En d’autres temps on évoquait le « marais » pour identifier ce bloc central. Il présente l’avantage de ne pas faire apparaître d’irrémédiables divisions sur l’essentiel. En creux, il laisse une impression de flou dans l’opinion publique. Or la désaffection électorale attestée par un fort taux d’abstention souligne l’absence de lignes claires. La démocratie reste une construction fragile.