Crispations d’usage

Les réactions qui ont suivi la conférence de presse d’Emmanuel Macron obéissent à un rituel qui n’honore pas la démocratie. Les oppositions ont trouvé sans intérêt les propos du chef de l’Etat. La majorité, elle, les a trouvés riches en informations. Cette maladie française qui réduit le débat à une confrontation entre dénigrements et louanges ne peut que lasser l’opinion publique.

Sur le fond, Emmanuel Macron a déroulé une longue liste d’actions à venir, notamment dans le domaine scolaire. Mais qui dit action ne dit pas mise en œuvre. D’où la critique formulée dans la foulée : des mots, des mots.

Il reviendra sans doute à Gabriel Attal d’assurer le service après-vente à la fin du mois. Cela pose à nouveau toute la question de la répartition des rôles entre le Premier ministre et le président de la République ? Sachant que ce dernier est le véritable détenteur du pouvoir. Depuis des décennies, et sans doute dès le début, la frontière est devenue floue. Manifestement, elle l’est plus encore aujourd’hui. Tôt ou tard viendra une réflexion sur la pérennité de Matignon et sur la pertinence du modèle américain : un seul chef en lieu et place d’une structure bicéphale à la tête de l’exécutif.

Effacement aussi des différences entre la majorité et la droite. L’arrivée de Rachida Dati dans le gouvernement en constitue la marque la plus spectaculaire. On devrait en avoir le cœur plus net lors des débats parlementaires. Dis-moi pour quel texte tu votes et je te dirai à quel camp tu appartiens.

p.chabanet@jhm.fr