Crise écologique : des élèves conscients au lycée agricole
Les deux professeurs d’éducation socioculturelle du lycée agricole ont chaque année des idées pour améliorer leur approche pédagogique sur la crise écologique. Ce jeudi 19 octobre, ils ont organisé un débat mouvant et un « Q-sort », avec les BTS production animale.
Au lycée agricole, les cours d’éducation socioculturelle portent sur la crise écologique. Les deux professeurs, Yvan Reynaud et Christophe Rémy, imaginent chaque année de nouvelles approches pour aborder au mieux ce sujet anxiogène, mais essentiel. « Je ne suis pas sûr qu’il y ait une méthode idéale. Alors on essaie des outils », indique Christophe Rémy.
L’année dernière, ils s’étaient penchés sur l’éco-psychologie, une discipline qui vise à répondre à l’éco-anxiété tout en appréhendant les leviers pour que l’action climatique ne soit pas perçue comme une contrainte. Cette année, ils ont reconduit ce volet d’éco-psychologie et ont proposé deux nouveautés : un débat mouvant et un « Q-sort ».
Ces deux ateliers ont été réalisés ce jeudi 19 octobre, avec une classe de BTS production animale. Le débat mouvant est fidèle à son intitulé. Des marquages au sol délimitaient des zones « pour » et d’autres « contre ». Les participants bougeaient en fonction de leurs avis, qui pouvaient évoluer au fil des discussions. Le « Q-sort » se réfère à une méthode de recherche utilisée en sciences sociales pour étudier les points de vue subjectifs des individus.
Responsabilités et actions
Les élèves ont débattu autour d’affirmations comme « les jeunes vont s’occuper du problème ». « Ce n’est pas nous qui avons pollué, on a hérité d’un problème », pointe une élève. Une autre ajoute : « Pourquoi ne serait-ce qu’à une seule catégorie de la population de s’en occuper ? » Leur professeur Yvan Reynaud acquiesce et ajoute : « d’autant que les jeunes ne sont pas aujourd’hui aux manettes ».
Pendant le « Q-sort », les étudiants se sont retrouvés face à une série de 16 affirmations, sur lesquels ils ont réfléchi individuellement et en groupe. Parmi elles se trouvait : « les principaux responsables du réchauffement climatique sont les pays en développement (PED) avec en tête l’Inde et la Chine ».
Les élèves ont souligné le manque de moyens des PED. « Les pays pauvres sont les plus touchés, mais s’ils n’ont déjà pas les moyens de se loger, ils les ont encore moins pour lutter contre le dérèglement climatique », pointe l’une des élèves.
Etendre le dispositif
Une autre souligne que cette situation se retrouve aussi en France, du côté des Outre-mer. Notamment à Mayotte qui subit des restrictions d’eau depuis le mois de juin, avec aujourd’hui un accès uniquement un jour sur trois, durant 18 heures.
Quant au professeur, Christophe Rémy, il a rappelé que si la Chine était très émettrice c’est parce qu’elle est « l’atelier du monde ». « Les vêtements fabriqués en Chine que nous portons, on les comptabilise dans l’empreinte carbone de la Chine ou de la France ? » Les calculs actuels les comptabilisent du côté de la Chine.
A la fin de l’atelier, les élèves semblaient satisfaits des échanges. « On est souvent critiqué en tant qu’agriculteur, mais on cherche à faire mieux. C’est important d’avoir d’autres points de vue pour comprendre et s’adapter », témoigne Marine Rigollot, élève en BTS production animale.
Salomé Fouchet aimerait même que le cours soit étendu. « Il faudrait que ça touche tout le lycée. Dans mon ancien lycée agricole, l’écologie était bien plus présente. Des co-voiturages étaient organisés par l’établissement. Ici, il n’y a rien. On peut même croiser quelqu’un qui jette un papier ou un mégot par terre. »
Julia Guinamard