Course d’obstacles – L’édito de Patrice Chabanet
L’intervention d’Emmanuel Macron visait officiellement à éteindre l’incendie social allumé par les Gilets jaunes. Il n’y est sans doute pas parvenu. Il le savait d’avance. Les manifs prévues aujourd’hui le démontreront une nouvelle fois. Ce n’est pas de ce côté-là qu’il se refera une santé politique. De la même manière, il était parfaitement conscient qu’une simple conférence de presse n’allait pas renverser la table dans l’opinion publique. Là encore les enquêtes ont confirmé qu’une majorité de Français restaient sceptiques quant à la capacité du chef de l’Etat à redresser la situation du pays. Mais, prises isolément, certaines mesures comme l’indexation des retraites, l’introduction d’une dose de proportionnelle dans les élections législatives, la réduction du nombre de parlementaires sont relativement populaires. Il ne faut pas oublier que dans moins d’un mois auront lieu les élections européennes. Or, si l’on tient compte de la marge d’erreur, rien n’est acquis pour la majorité présidentielle face au parti de Marine Le Pen. D’où l’intérêt pour l’exécutif de satisfaire telle ou telle catégorie sociale pour faire pencher la balance en sa faveur.
Très peu de citoyens ont le sentiment de vivre une campagne électorale intense. Les prestations télévisées auxquelles on a eu droit n’ont rien fait pour motiver les foules. Les thèmes européens ne sont que prétexte à s’empailler sur le plan intérieur. Ce qui importera, le soir du scrutin, c’est l’ordre d’arrivée des listes. Il est sûr que si c’est la liste LREM qui arrive en tête, l’horizon sera plus dégagé pour la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron. En revanche, si c’est l’extrême droite qui l’emporte, même d’une courte tête, le désaveu sera cinglant et sera même utilisé par l’ensemble des oppositions pour délégitimer le président de la République. Paradoxalement, cette échéance électorale jugée sans intérêt par les Français, devient cruciale pour tous les protagonistes.