Course de vitesse – L’édito de Patrice Chabanet
Les scènes de guérilla urbaine sur les Champs-Elysées font désordre. D’ailleurs Donald Trump, les a déjà évoquées dans un tweet, et pas à l’avantage de notre pays. C’est dire…Plus sérieusement, ce déferlement de violences interpelle les gilets jaunes. Certains sont favorables à une nouvelle manifestation samedi prochain, moyennant une meilleure organisation pour isoler les fauteurs de troubles. D’autres préfèrent attendre ce que dira demain Emmanuel Macron pour envisager la suite à donner au mouvement. Faute d’un véritable leadership, ou de leader tout court, les gilets jaunes sont obligés de faire leur chemin en marchant, avec un vaste spectre de revendications. Collectivement, ils détiennent un atout de taille : leur contestation reste largement populaire dans le pays, car ils catalysent une somme de mécontentements qui dépasse largement la seule question des taxes sur le carburant.
Emmanuel Macron a pris conscience que la baisse de la mobilisation constatée sur le terrain ne voulait pas forcément dire une baisse de motivation. Il sait aussi, sans doute, qu’utiliser le repoussoir de la violence pourrait être contre-productif. Elle s’est limitée, certes spectaculairement, à la capitale où, c’est devenu une lamentable tradition, toute manifestation est polluée par des casseurs, plus prompts à dévaliser les magasins de luxe qu’à soutenir une cause sociale. Pour ne pas avoir senti venir ce malaise social, le président de la République a laissé monter le curseur des revendications. Le risque pour lui, désormais, est qu’il reste inaudible quoi qu’il dise, quoi qu’il promette. Son rôle de chef de l’Etat est de préparer l’avenir. A part les démagogues, tout le monde en convient. Sauf que le mot avenir n’a pas le même sens du sommet à la base de la pyramide. « Ce n’est pas la fin du monde qui nous préoccupe, mais le 15 du mois » : cet argument des gilets jaunes fait tilt dans de vastes pans de la société. En d’autres termes, ce sont des mesures d’urgence qui sont attendues dès demain. Pour reprendre la main, Emmanuel Macron doit aussi surprendre. Un sacré défi à relever.
Publié le 26 novembre 2018