Course de fond – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les Français sont dans les starting-blocks. Pas pour un 100 mètres, on l’espère, mais plus sagement pour une course de fond. Evidemment, chacun a en tête cette image qui pourrait être lourde de conséquences. Celle de foules enfin libérées de presque deux mois d’enfermement et qui envahiraient les rues dans l’imprudence la plus totale. De centaines ou milliers de personnes qui n’auraient pas encore compris que le virus n’est pas mort, si l’on peut dire. Que l’on est encore à la merci d’une deuxième vague.
On peut reprocher un peu tout à tout le monde. Beaucoup n’hésitent déjà pas à remettre en question la gestion de la crise par le gouvernement. Les procès, s’il y en a, et au sens figuré surtout, devront venir après. L’urgence est d’abord à la prudence. A la nécessité de résister à la tentation. Certains verront en ce 11 mai une libération. D’une certaine façon, ça sera le cas. Mais de manière toute relative.
La découverte d’un foyer d’infection en Dordogne, région peu touchée jusqu’ici par le Covid-19, nous rappelle que le moindre écart peut mener tout droit vers un nouveau confinement. Elle sonne comme un avertissement. Il suffit d’ailleurs d’observer les chiffres des victimes, encore ces jours-ci, sur tout le territoire, pour se persuader que la pandémie est contenue, tant bien que mal. Mais certainement pas sous contrôle total.
Il ne faudrait sans doute pas très longtemps pour que le relâchement tant redouté par l’exécutif ait des effets dévastateurs.
D’un point de vue sanitaire, le choc serait terrible. Et économiquement, un nouveau confinement finirait de rompre les dernières digues qui maintenaient encore la tête de milliers d’entreprises – et de salariés – hors de l’eau.
Un avenir plus radieux passe par un retour lent et raisonné à une vie plus normale. Pas par l’utopique espoir que tout sera redevenu comme avant en un jour.