Cour(s) de droit – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a toujours du grain à moudre avec Nicolas Sarkozy. Même quand il ne parle pas. Ou quand il prend la parole pour dire qu’il ne parlera pas. Il se passe toujours quelque chose lorsque l’ancien chef de l’Etat investit un lieu, quel qu’il soit. Même quand il ne se passe rien.
La présence du témoin Sarkozy, hier devant le tribunal de Paris dans l’affaire des sondages de l’Elysée, aurait ainsi pu apporter de l’eau au moulin de la Justice. Elle s’est transformée en cours de droit. En une explication de texte (de loi) sur son impossibilité à s’expliquer, au nom de la séparation des pouvoirs. Cette fameuse immunité, qui protège les anciens Présidents pour des faits qui concernent leur mandat.
Et Nicolas Sarkozy sait de quoi il cause : il est à la fois celui qui a dirigé la France entre 2007 et 2012 et… avocat, ne l’oublions pas. Qui plus est, ses défenseurs sont loin d’être des débutants. Comme on dit maintenant, il a fait le buzz, ce mardi, même en gardant un silence tout relatif.
Retranché derrière la Constitution, il a fait passer pour quelques minutes au second plan les prévenus, cinq anciens collaborateurs, dont Claude Guéant, qui pourtant risquent gros.
Mais au-delà des subtilités de la loi, c’est paradoxalement la crédibilité politique et morale qui s’est invitée à la barre. Nicolas Sarkozy a, comme on dit, déjà eu maille à partir avec la Justice. Celui qui pourrait – le souhaite-t-il ? – être tenté d’influer sur la prochaine campagne présidentielle y entrerait plus chaussé de godillots lestés de son passé (et présent) judiciaire que de bottes de Sept lieues.