Coups de feu à Chevillon
Un homme a ouvert le feu en direction de l’habitation d’un de ses voisins dans la nuit du 15 au 16 mai, à Chevillon. Tentative de meurtre ou violence avec arme ? Dans l’attente d’une présentation devant un juge d’instruction, le quinquagénaire a été placé en détention provisoire.
Mardi 16 mai, il est environ 2 h du matin lorsque quatre détonations retentissent. Armé d’une carabine 22 LR détenue illégalement, Clément J. vient d’ouvrir le feu en direction d’une habitation située au N°92 de la Grande Rue. Un des projectiles aurait traversé une fenêtre. Personne ne sera touché. Agé de 59 ans, le tireur sera rapidement interpellé.
Les qualifications délictuelles de “violence avec usage ou menace d’une arme” et de “détention d’arme et de munitions sans déclaration” auront dans un premier temps été retenues. Un temps envisagées, des poursuites pour “menace de mort en raison de l’ethnie ou de la nationalité” auront finalement été écartées.
Appelé à répondre de ces délits, mercredi 17 mai, en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel, le quinquagénaire aura rapidement été informé par madame le président Lemay du traitement réservé à ce dossier. Violence avec arme ou tentative d’homicide volontaire ? Délit ou crime ? Tribunal correctionnel ou cour d’assises ? Un examen rigoureux du dossier et d’éventuelles investigations complémentaires permettront d’apporter une réponse. Concrètement, le dossier ne peut être jugé en l’état.
« Je n’avais pas à faire ça »
Placé en détention provisoire dans l’attente, dans un délai maximal de « cinq jours », d’une présentation devant un juge d’instruction, Clément J. a pu livrer de premières explications. « J’ai voulu marquer le coup, j’ai déposé des plaintes pour menace de mort, ça n’a pas abouti, on ne peut plus passer dans sa rue, il fait peur à tout le monde, je n’en pouvais plus », aura souligné le quinquagénaire avant de faire état de graves problèmes de santé.
« Monsieur, comme d’autres voisins, sont confrontés au comportement du roi du quartier, cet homme deale, monsieur a signalé tout ça comme il l’a expliqué, la situation devient invivable dans ce quartier, tout le monde se tait de peur de représailles », poursuivit Me Lalloz au nom d’une homme exprimant de vifs regrets. « Je regrette, je n’avais pas à faire ça ». Preuve d’une rapide prise de conscience, « monsieur a lui-même prévenu les gendarmes après avoir tiré », nota Me Lalloz.
Les tensions entre le tireur et le jeune homme présenté par la défense comme le caïd de Chevillon étaient manifestement vives. « Une altercation est intervenue le 14 mai, Clément J. a tenté d’écraser ce voisin avec sa voiture », souligna madame le procureur Pelletier. Une goutte d’eau aurait fait déborder le vase. Quelques minutes avant d’ouvrir le feu, Clément J., jusqu’alors inconnu de la justice, avait été informé de la survenance d’un incendie venu ravager sa « cabane », un « hangar » destiné au stockage de « 300 stères de bois » et de fenêtres en PVC. Sous les ordres du capitaine Pierre-Sébastien Vincent, 18 soldats du feu étaient parvenus à circonscrire cet incendie.
Certain de l’implication de son voisin dans ce sinistre dont l’origine demeure à déterminer, Clément J. aurait décidé de l’intimider en ouvrant le feu, « pour faire peur », « pas pour tenter de tuer », Me Lalloz excluant la moindre intention criminelle « Il faisait nuit, la visibilité était réduite, monsieur a par ailleurs tiré en direction du haut de l’habitation ».
T. Bo.