Coup de torchon – L’édito de Patrice Chabanet

Le recul du parti présidentiel était annoncé, mais pas dans les proportions qu’ont révélées les résultats du vote d’hier. Un véritable coup de torchon qui a fait tomber, entre autres, des ministres et, excusez du peu, le président sortant de l’Assemblée nationale. Conséquence mécanique : la Nupes fait un bon score et le Rassemblement national a tiré les marrons du feu. En Haute-Marne, le parti lepéniste a remporté les deux sièges disponibles.

Emmanuel Macron se trouve maintenant dans une position difficile, pour ne pas dire impossible. La faiblesse de son camp lui est en grande partie imputable. La politique, ce n’est pas une croyance aveugle en sa bonne étoile, nourrie par des succès antérieurs. Ce n’est pas non plus le refus du débat par un renoncement entêté à toute campagne. Ce n’est pas encore le primat de la politique étrangère sur les affaires intérieures. Le réservoir de voix se situe plus à Rouen ou Agen qu’à Kiev. Le résultat d’hier est implacable.

Le plus dur est à venir, avec une Assemblée nationale ingouvernable. Le parti présidentiel sera à la solde du bon vouloir de la droite républicaine qui a fait un bon score. Autant dire qu’un dossier aussi emblématique qu’explosif que l’âge de la retraite provoquera un charivari inévitable. Pour autant, l’exécutif ne manque pas de munitions. Il mettra tout en œuvre pour faire éclater la Nupes sur des dossiers clivants : le nucléaire, les relations avec la Russie, la construction européenne.

Au-delà des joutes politiciennes, tous les partis, oui tous, devraient faire amende honorable sur leur échec collectif : l’énorme poids de l’abstention (plus de 50 %). De scrutin en scrutin, les élus sont en train de perdre leur légitimité. Ils s’interrogent, ils déplorent mais de facto ils s’accommodent d’un délabrement inquiétant de la démocratie.