Coup de frein – L’édito de Patrice Chabanet
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La campagne de vaccination marque le pas. Les spécialistes, du moins certains, s’en inquiètent. Malgré une chute importante des contaminations et des réanimations, l’immunité collective serait loin d’être acquise. La moitié seulement des adultes a été vaccinée. Mais avec ce virus au comportement surprenant on ne sait plus quoi penser. Une partie de la population, les jeunes en particulier, ne veut plus savoir. Foin des consignes de distanciation sociale, elle a une envie irrépressible de s’éclater. D’où ces rassemblements débridés aux Invalides ou ailleurs. Cela peut choquer, mais la prise de risques demeure limitée : les cas graves sont rares chez les jeunes et nombreux sont ceux qui sont déjà vaccinés ou en passe de l’être. De toute façon, on voit mal les forces de l’ordre intervenir rudement contre ces clusters de contestation juvénile. Elles ont d’autres chats à fouetter. Par ailleurs, l’opinion publique n’apprécie pas la politique du deux poids, deux mesures : prolongation du couvre-feu pour les spectateurs de Roland Garros, maintien du couvre-feu dans la cité. Un argument de choix pour les contestataires : des largesses pour les bobos, pas d’exception pour le populo.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement n’a pas la tâche facile. Il ne doit pas fermer la porte de l’espoir, surtout quand la situation s’améliore nettement, tout en restant vigilant. L’exemple nous vient du Royaume-Uni : Boris Johnson, le Premier ministre, a annoncé hier soir qu’il repoussait de quatre semaines la fin complète du confinement. La faute au variant indien qui fait des siennes. Les épidémiologistes se veulent rassurants : le taux de vaccination constitue et constituera de plus en plus un bouclier protecteur contre tout risque de flambée incontrôlable. De quoi alimenter l’optimisme et éloigner les poussées de scepticisme à fleur de peau.