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Coup de couteau et drugstore de la défonce

Le 12 novembre 2021, un homme était poignardé, à Humbécourt, dans le cadre d’un différend entre automobilistes. Le 18 janvier 2022, la victime de cette agression était interpellée, à Bar-le-Duc (Meuse), en possession d’un important stock de stupéfiants. Focus sur un dossier singulier.

Jérôme B n’a pour ainsi dire pas eu de chance… Une agression aura entraîné sa chute. Le 12 novembre 2021, de retour d’une soirée entre amis, ce Meusien, accompagné de sa petite amie, circule sur la Départementale 2 en direction de son lieu de résidence. L’attention du conducteur est irritée par le comportement d’un automobiliste. Jérôme B s’agace de l’absence de respect des distances de sécurité. Le Meusien, chauffeur routier de profession, stoppe son véhicule à hauteur de la commune d’Humbécourt. L’automobiliste suscitant l’agacement de Jérôme B sort de son véhicule. Des mots « doux » sont échangés. Affirmant avoir été frappé, une version mise en doute par l’absence de la moindre trace de blessure, Brice Petit, « apeuré », avait alors porté un coup de couteau à hauteur du thorax de Jérôme B avant de prendre la fuite sans même veiller à alerter les secours. Aidée par sa compagne, la victime était parvenue à gagner le centre hospitalier de Saint-Dizier. Le diagnostic vital du blessé fut un temps engagé. Se remettant depuis quelques jours d’un pneumothorax, la victime, transférée à Nancy, avait échappé au pire, au regard de la localisation du coup de couteau porté par son agresseur. Un organe vital aurait pu être touché. Il s’en est fallu de peu.

Rapidement interpellé, l’auteur du coup de couteau, « souffrant d’une légère déficience mentale », « sous curatelle » et répétant avoir été gagné par la peur, avait été condamné, début 2022, à une peine aménageable de 18 mois de prison dont douze assortis d’un sursis probatoire (notre édition du 20 janvier 2022).

D’une affaire à une autre

Un homme a donc été poignardé, le 12 novembre 2021, à Humbécourt. Ce même soir, des investigations étaient lancées dans un tout autre cadre. Si l’auteur du coup de couteau avait veillé à se séparer de son arme, la victime n’avait pas jugé opportun de se délester de 100 grammes de kétamine, un puissant anesthésique détourné de son utilisation médicale par des toxicomanes. Conditionnés dans un sachet, ces cristaux ont été découverts « dans le blouson » de l’homme pris en charge par le personnel hospitalier. « Les saisies de kétamine ne sont pas fréquentes en Champagne-Ardenne, notre attention a donc été interpellée par la nature du produit, mais également par sa quantité », détaille le colonel Jean-Paul Douvier, commandant de la Section de recherches (SR) de Reims.

Saisis par le Parquet de Chaumont, les enquêteurs du « groupe stups » de la SR lancent des investigations en collaboration avec la Brigade de recherche (BR) de Saint-Dizier. Surveillances ou écoutes aboutiront, le 18 janvier 2022, à Bar-le-Duc (Meuse), à une fructueuse perquisition. A 6 h du matin, les enquêteurs, accompagnés de collègues d’un Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie nationale (Psig) et de deux équipes cynophiles, se présentent au domicile du suspect. Ce dernier « tente de retarder l’intervention et de se débarrasser » de produits dont la nature est alors indéterminée. Peine perdue. La saisie est fructueuse. Stupéfiante. De la résine de cannabis, 5,3 kg, de la marijuana, en quantité moindre, 380 g. Mais également 206 g de cocaïne et 103 g d’héroïne. Plus inhabituel : 144 g de MDMA et 85 g d’ecstasy, des psychostimulants. Encore plus inhabituel : 6,4 ml de LSD, un psychédélique hallucinogène, et les buvards destinés à sa consommation sont également découverts.

Milieu des « rave-parties »

La valeur marchande des volume saisis, estimée à plus de 35 000 euros, interpelle les hommes du colonel Douvier, mais le caractère exceptionnel de cette perquisition tient en la diversité des produits en possession de Jérôme B. « La SR traite le haut du spectre, lorsque nous travaillons sur des réseaux internationaux entre France et Espagne ou entre France et Pays-Bas, nous avons l’habitude de saisir d’importantes quantités de cannabis ou d’héroïne, dans ce dossier, la multiplicité des produits saisis a retenu notre attention », souligne le commandant de la SR de Reims.

A chaque milieu ses stupéfiants. Des substances interdites sont utilisées afin d’améliorer des performances physiques, intellectuelles ou sexuelles. Kétamine, MDMA et LSD sont plus particulièrement consommés par certains adeptes de « rave-parties » ou de « free-parties », ces fêtes underground organisées en pleine nature ou dans des bâtiments désaffectés.

Annoncée par Denis Devallois, procureur de la République nouvellement installé dans ses fonctions, cette saisie de stupéfiants, mais également de près de 33 000 euros et de munitions (lire par ailleurs) a donné lieu à une rapide réponse judiciaire.

Présenté, le 21 janvier 2022, quelques jours après l’audience où Jérôme P figurait en qualité de victime de l’agression survenue à Humbécourt, devant le tribunal correctionnel dans le cadre d’une comparution immédiate, le mis en cause, défendu par Me Lignot, a fait valoir son droit à disposer d’un délai afin de préparer sa défense. Dans la droite lignée des réquisitions du procureur Candar, le prévenu, en état de récidive légale, a été placé en détention provisoire dans l’attente d’une audience appelée à se tenir demain après-midi.

Thomas Bougueliane

Munitions et petites coupures

Agé de 29 ans, Jérôme B alimentait manifestement, au regard des quantités saisies, un trafic de stupéfiants de moyenne importance dans la Meuse, un département connu depuis plusieurs décennies pour la prégnance de la consommation de drogues dures comme l’indiquent différentes données des autorités judiciaires et sanitaires. Un autre élément semble attester de l’ampleur de la lucrative entreprise du mis en cause. La somme de 32 995 euros « en billets de 50, 20, 10 et 5 euros » a été découverte à son domicile.

Si aucune arme à feu n’a été saisie, les gendarmes ont mis la main sur des munitions destinées à une arme à feu. « Nous notons une tendance lourde, les trafiquants s’arment. Dans le cadre d’un dossier lié à un trafic entre les Pays-Bas et Vitry-le-François (Marne), nous avons été amenés à saisir un fusil d’assaut AK-47 et trois pistolets semi-automatiques de marque Glock. Si les trafiquants s’arment, ils sont également à la recherche de munitions, il est donc de plus en plus fréquent d’en saisir dans le cadre des réguliers démantèlements de trafics de stupéfiants », note le colonel Douvier.

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