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Coup de chaud dans une pizzeria chaumontaise

Tribunal correctionnel. En juin 2020, une violente altercation éclatait dans une pizzeria chaumontaise. Coups de poing, coups de rondin… De nombreux clients restèrent sur leur faim. L’heure est venue de payer l’addition.

Chaumont, la Pizzeria du Pont. On s’y pressait et on s’y presse encore. Me Lalloz en sortait. Une magistrate du Tribunal judiciaire de Chaumont y patientait, comme beaucoup.

Le 6 juin 2020, au four et au moulin, Nizar B K s’activait afin de contenter de nombreux clients, des clients du samedi soir, plus ou moins patients. « Il y avait du retard, j’étais stressé », concède le patron de l’établissement. Un couple fait preuve d’un certain agacement. Madame reproche à Nizar B K d’avoir été incorrect avec une de ses serveuses. La compagne du restaurateur invite le couple à sortir. Le ton monte. Les esprits s’échauffent dans l’exigu hall de la pizzeria. Frère de la compagne de Nizar B K, Jérémy C s’interpose. « Ce client était agressif, j’ai mis m’a sœur derrière moi, il m’a dit qu’il n’était pas un pédé, il m’a mis un coup de poing ».

La suite ? Magistrats, avocats et prévenus la découvrirent en vidéo. Jérémy C porte trois coups de poing à celui qu’il présente comme son assaillant. Nizar B K demande à sa compagne d’appeler la police avant, « en panique », de franchir, pelle à pizza à la main, alerte, à la Stéphane Diagana, le comptoir séparant l’espace cuisson du hall de la pizzeria.

Le restaurateur aura finalement préféré un « rondin de bois » destiné à l’alimentation de son four à sa pelle à pizza. « J’ai paniqué, il y avait beaucoup de monde, je n’ai pas réfléchi, je voulais que ça s’arrête, je l’ai frappé avec le rondin ».

« Hématome sous-dural »

Une réaction totalement disproportionnée aux yeux de Me Tribouley, conseil de la victime, « la seule dans ce dossier ». « Oui, cet homme a peut-être été désagréable, oui, il avait 1,38 gramme d’alcool, mais rien ne peut justifier le comportement des prévenus à son encontre. (…) Mon client a peut-être porté un coup, mais ensuite, il faut assumer, cet homme a été plaqué contre un mur par Jéméry C. Mon client est maîtrisé, mais il essuie plusieurs coups de poings avant de prendre des coups de rondin, il serait dangereux de justifier de telles violences. La victime a été frappée à hauteur de la tête, un certificat médical fait état d’un hématome sous-dural, il a fallu poser 30 agrafes sur le crâne de cet homme, il a été hospitalisé sept jours, s’en sont suivis trois mois d’arrêt de travail et cet homme a toujours des maux de tête », tonna Me Tribouley.

Madame le procureur Bras-Abbari appela le tribunal à condamner les deux prévenus à une peine de dix mois de prison assortie d’un sursis probatoire.

Parole à la défense

Me Le Bigot pointa quant à lui la qualification de violence en réunion avec menace ou usage d’une arme suivie d’une incapacité supérieure à huit jours. Si la scène est courte, elle se décompose bien en deux temps, « sans concertation », alors, forcément, la réunion ne tient pas.

Jérémy C n’était pas armé. L’étendue des blessures de la victime ne peut être intégralement imputée à son client, certes condamné par le passé pour tentative de vol et conduite sous l’empire d’un état alcoolique, mais salarié dans une société de joaillerie suisse, père de famille. Me Le Bigot fut entendu. Jérémy C fut condamné à 750 euros d’amende.

« Monsieur B K est profondément affecté par cette histoire, il ne conteste pas sa responsabilité, monsieur a eu une mauvaise réaction, rien de plus », poursuivit Me Lalloz tout en décrivant un ressortissant tunisien au parcours exemplaire, un homme jusqu’alors inconnu de la justice depuis son arrivée en France en 2011, un homme « venu en France pour vivre de son travail, pas pour vivre du RSA ». Décision ? Dix mois de prison avec sursis.

T. Bo.

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