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Correction de tir – L’édito de Patrice Chabanet

 

Les deux fusillades qui ont ensanglanté les Etats-Unis n’ont pas fait changer d’avis Donald Trump sur l’essentiel, la libre circulation des armes. Mais le président américain a fait évoluer son discours, en condamnant le suprémacisme blanc. Jusque-là, il s’était contenté de renvoyer dos à dos les extrémistes de tous bords. Cette correction de tir est assez habile. Elle lui permet d’évoluer dans le registre des mots, sans rien toucher au contrôle des armes. On connaît la théorie de Trump : ce ne sont pas les armes qui sont à la source des massacres de masse, mais leurs propriétaires. D’où la nécessité de débusquer les « détraqués » dans la société américaine et de leur interdire la détention de fusils ou autre matériel de guerre. Le tout est de savoir ce qu’on appelle un « détraqué » et comment on établit son degré de dangerosité. Des parents qui amènent régulièrement leurs gamins dans les stands de tir pour s’exercer au maniement du fusil mitrailleur sont-ils normaux ou détraqués ?

Le locataire de la Maison-Blanche sait aussi qu’une majorité de ses concitoyens reste en faveur de la liberté de détenir des armes. Elle correspond à l’idée, inscrite dans le marbre de la Constitution, que chaque citoyen est le plus à même d’assurer sa propre sécurité. Mais ledit amendement a été voté en…1791. A cette époque, la puissance de feu était dérisoire, comparée à celle des fusils automatiques d’aujourd’hui. Pas de massacre de masse au coup par coup. Si évolution il devait y avoir, ce serait dans l’interdiction d’armes de guerre dotées d’amples chargeurs. Même dans la presse conservatrice, cette hypothèse n’est plus rejetée d’un revers de manche. Le « no-limit » va devenir de moins en moins tenable avec des massacres dont chaque Américain sent bien qu’il pourrait être la prochaine victime. Au hasard et n’importe quand. Mais il faudra compter avec la NRA, véritable forteresse, qui reste hostile à toute évolution et qui finance les partis politiques. Les détraqués, elle connaît.

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