Construction : la solution du bois local
FORETS. La commune de Hortes, dans le Sud-haut-marnais, a accueilli, jeudi 11 avril, la Journée de la forêt communale à destination des élus, avec un angle particulier abordé : l’utilisation du bois local dans la construction. L’Office national des forêts (ONF) en a profité pour dresser le bilan départemental, ainsi que celui de l’unité territoriale Amance-Bassigny.
Les élus du Sud-est haut-marnais ont touché du bois, jeudi 11 avril, à l’occasion de la Journée de la forêt communale de l’unité territoriale (UT) Amance-Bassigny de l’Office national des forêts (ONF). Ceux, assez nombreux, ayant fait le déplacement ont pu, tout d’abord, prendre connaissance du bilan 2023 de la gestion forestière, aussi bien au niveau départemental que de cleui de l’UT.
Bernard Devos (adjoint au directeur d’agence de l’ONF) et Ludivine Hallet (directrice de l’UT) ont pu se réjouir d’une année correcte, dans une conjoncture nationale délicate, malgré un volume total à commercialiser à la baisse (238 000 m3) : « Les grandes ventes de printemps et automne 2023 ont bénéficié d’une forte demande et se sont traduit par un niveau d’invendus très bas et des prix maintenus ou encore à la hausse ». Qui plus est, les recrutements ont été importants au niveau de l’agence départementale, avec l’arrivée de dix nouveaux salariés et de quatre apprentis.
Au niveau du secteur Amance-Bassigny, des aménagements sont en cours d’élaboration au sein des forêts communales de Larrivière-Arnancourt et celles du syndicat intercommunal de gestion forestière de l’Amance. Sur le plan phytosanitaire, les évolutions sont disparates. Le dépérissement du hêtre poursuit sa progression, en particulier sur la partie ouest du département. La situation demeure très préoccupante pour le frêne, en raison de l’évolution de la chalarose, tandis que le charme subit une forte mortalité par défoliation liée à une fructification anormale. En revanche, les prélèvements d’épicéas scolytés ont fortement diminué, mais cette amélioration semble d’abord mathématique car dûe à la régression de l’essence dans le département.
Bois local : une filière parfois coûteuse
Les élus sont ensuite passés au gros morceau thématique de la journée : l’utilisation du bois local dans la construction ou la réhabilitation. Rebecca Dijoux, chargée de mission au sein de l’Union régionale des communes forestières, a demandé, en préambule : « Avez-vous déjà mené un tel projet avec du bois local ? ». L’occasion, pour Jean-Philippe Bianchi, maire de Haute-Amance, d’expliciter les difficultés rencontrées : « On a fait une étude pour voir les possibilités. Deux scieries locales sont intéressées, et on nous fait miroiter davantage de DETR (Ndlr : Dotation d’équipement des territoires ruraux, une subvention étatique) si on utilise du bois local. Mais, malheureusement, c’est très compliqué d’utiliser du bois local. Le coût est très important et le surplus de DETR est loin de le couvrir… ».
Premier magistrat de Val-de-Meuse, Romary Didier a abondé dans le même sens, relevant par ailleurs que « les maîtres d’oeuvre n’ont pas forcément le réflexe d’intégrer du bois dans leurs plans de conception ». Rebecca Dijoux a pris note de ces objections. Elle a déjà expliqué que la dimension de « bois local » est adaptable : « Cela peut-être du bois communal, bien sûr, mais aussi départemental, régional, voire national. Tout dépend de la définition que vous choisissez d’en faire dans votre cahier des charges ».
La chargée de mission a ensuite rappelé le fort potentiel du territoire, de par sa particularité publique : « En France métropolitaine, 75 % des forêts sont privées. Mais le Grand-Est est une très grande exception avec seulement 34 %. Vous avez beaucoup de forêts publiques, communales. Le bois est là ». Les élus ont ensuite conclu la journée d’études sur le terrain, au Val-de-Presles qui a fait l’objet, récemment, d’importants travaux d’aménagement.
N. C.
ONF : la colère des agents demeure forte
Sébastien Faillet, garde-forestier ONF sur le secteur de Bourbonne-les-Bains, a lu aux élus une déclaration rappelant que le mal-être reste fort au sein des personnels forestiers : « Depuis plus de 40 ans, l’état de la fonction publique ne cesse de se dégrader (…). L’ONF est, parfois, encore le seul représentant de l’Etat au fond de nos campagnes (…). Notre rôle est souligné et apprécié lorsque nous connaissons une période de sécheresse, d’incendies, ou lorsque nous faisons le bilan des ravages sanitaires du dérèglement climatique ».
« Une fois ces périodes passées, tout est oublié… L’énergie déployée par nos tutelles se concentrent uniquement sur notre financement, en oubliant nos missions régaliennes. En effet, pour des raisons de réduction de frais de fonctionnement, l’image de notre établissement est galvaudée, souillée. L’habillement n’est même plus assuré, nous privant de notre identité (…). Le renouvellement des véhicules ne se fait plus qu’au compte-gouttes (…). »
« Nous nous posons la question suivante : que cherchent nos gouvernements successifs ? A nous rendre invisibles ? A ne plus effectuer les travaux forestiers nécessaires pour limiter les effets indésirables du dérèglement climatique au risque d’en perdre la biodiversité ? (…). Nous comptons sur vous pour interpeller nos élus régionaux, nos députés, nos sénateurs afin qu’ils fassent remonter jusqu’au sommet de l’Etat notre cri d’alerte. »