Contrôler l’incontrôlable – l’édito de Patrice Chabanet
En dehors de toute considération morale ou politique, on peut parler de submersion : plus de 6 000 migrants ont débarqué en un seul jour sur les plages de la petite île italienne de Lampedusa. Le problème est qu’il ne s’agit pas d’une masse informe qu’il faudrait gérer comme une épidémie. Ce sont souvent des hommes et des femmes abusés par des passeurs sans scrupules.
Les discours à l’emporte-pièce ont montré leurs limites. Giorgia Meloni qui, à la différence du déni à la française, revendique son appartenance à l’extrême droite, s’avère incapable de proposer des solutions crédibles. Eternel hiatus entre les discours extrémistes tenus en période d’opposition et le mur de la réalité. La Première ministre italienne en fait l’amère expérience.
A la décharge des autorités italiennes, il faut reconnaître que les pays européens peu concernés par cette immigration sauvage jouent les Ponce Pilate : beaucoup de discours humanistes mais un refus plus ou moins voilé d’accueillir une partie des migrants. L’Allemagne, elle, n’y va pas par quatre chemins : elle vient de suspendre l’accueil des migrants en provenance d’Italie.
En France, on sait déjà que le thème de l’immigration constituera le morceau de choix de la prochaine campagne des Européennes. Il électrise déjà le débat. Il montre des contradictions au sein de chaque camp. Un seul exemple : la droite et l’extrême droite prônent des mesures radicales pour mettre fin à cette immigration désordonnée, mais le patronat privilégie la régularisation des migrants à la recherche d’un emploi dans les secteurs dits en tension. Bref, ça promet pour les mois à venir.