Contre-sommet – L’édito de Patrice Chabanet
Les opposants au G7 qui doit se tenir en fin de semaine à Biarritz ont presque gagné leur pari. Le contre-sommet qu’ils organisent dès demain à Hendaye et à Irun, en Espagne, fait au moins autant parler que la rencontre des pays les plus riches de la planète. La question qui transcende les débats et les querelles idéologiques est toujours la même : dans le sillage des 80 000 manifestants annoncés, y aura-t-il des débordements et des violences ? Les organisateurs jurent la main sur le cœur qu’ils seront là uniquement pour faire entendre la voix de ceux qui sont spoliés ou exploités par l’ultralibéralisme. On veut bien les croire. Comme on peut admettre que la mondialisation ne fait pas que des heureux et qu’il est légitime que des organisations le fassent savoir. Le droit de se réunir et de manifester est l’un des marqueurs de nos démocraties. Plus ambiguës sont les prises de positions de certaines organisations face au déploiement – impressionnant, c’est vrai – des policiers et des gendarmes. On ne peut pas dire dans le même souffle que ce n’est pas le rôle des mouvements contestataires d’assurer le maintien de l’ordre et que la présence policière est une véritable provocation. Depuis quelques mois, notre pays est bien placé pour savoir que faute d’encadrement à l’ancienne toute manifestation peut dégénérer.
Les participants au contre-sommet d’Hendaye et d’Irun ont d’ailleurs tout intérêt à ce que les casseurs de tout poil soient neutralisés. L’objectif des organisateurs est bien de parvenir à une mutualisation des mécontentements et à une plate-forme de projets communs. Un déchaînement de violence les rendrait inaudibles, comme d’ailleurs les conclusions du G7. L’opinion publique se focaliserait d’abord sur le décompte des blessés et des dégâts. D’une certaine manière, les forces de l’ordre et les opposants au G7 ont un intérêt commun : que les black blocs ne soient pas, une fois de plus, la vedette de l’événement.