Contre-la-montre – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est un peu l’heure des grandes manœuvres et des coups de bluff. A moins de quinze jours de la manifestation du 5 décembre, ça ressemble même à de l’emballement. Tout s’accélère, du côté des syndicats comme du président de la République et du gouvernement.
A juste titre sans doute, l’exécutif redoute la grève à la SNCF et à la RATP. Après les premières discussions tendues hier entre le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye et les syndicats, on ne parle ainsi plus d’une journée unique de contestation, mais d’un mouvement reconductible, auquel la CFDT-Cheminots s’est d’ailleurs ralliée ce jeudi.
Qui plus est, et le Premier ministre, Edouard Philippe, en est bien conscient, ce qui était à la base un rendez-vous fixé uniquement par les cheminots se transforme de plus en plus en un point de convergence de toutes les colères. Pêle-mêle, personnels d’Air France, d’EDF, des hôpitaux publics, de l’Education nationale, avocats, policiers… tous ont finalement coché la date du 5 décembre pour s’exprimer, soit dans la rue, soit lors d’actions ponctuelles.
C’est là tout le danger pour Emmanuel Macron, qui tente ainsi de désamorcer la situation avant qu’elle ne devienne totalement ingérable. Tant que les colères restaient cantonnées à des catégories professionnelles distinctes et à des revendications précises, il lui suffisait, si l’on peut dire, de gérer chaque cas isolément. Une sorte de micro-chirurgie. Dès lors que la grogne fait tache d’huile et traduit un sentiment général de ras-le-bol, il devient beaucoup plus compliqué de trouver les bonnes réponses. Un remake possible, d’une certaine façon, du mouvement éclos en novembre 2018, et que le Grand débat n’a visiblement pas réussi à éteindre. La course contre-la-montre est lancée.