Contrarié pour une date de rendez-vous, le patient vandalise le cabinet médical
Mercredi 14 février, un patient chaumontais contrarié d’avoir un rendez-vous de routine avec son médecin plus tard que souhaité s’est déplacé au cabinet. Où il a proféré des insultes avant de le vandaliser. Les professionnels dénoncent une ambiance de plus en plus électrique.
Joyeuse saint Valentin au cabinet du Haut des Vignes… En effet, mercredi 14 février, un patient téléphone le matin pour prendre un rendez-vous de routine – c’est un renouvellement d’ordonnance dont il a besoin. La secrétaire lui fixe la date la plus proche possible, c’est son premier créneau disponible. Le demandeur dit tout son mécontentement – c’est trop tardif – avant de raccrocher.
Mais le quinquagénaire ne décolère pas, et se déplace au cabinet l’après-midi. Il entend récupérer auprès de la secrétaire son dossier médical, envisageant de changer de médecin. S’il peut en effet décider de prendre un autre docteur, en revanche, la récupération d’un dossier médical ne s’effectue naturellement ni au secrétariat, ni « dans la seconde », c’est ce qu’il s’entend répondre. Le vocabulaire du visiteur devient de plus en plus grossier. « Je n’en ai rien à foutre ». Avant de verser carrément dans l’insulte : « salope ! », lance le Chaumontais à la secrétaire, précisant que « ça va chauffer ! ». En l’entendant, un médecin à proximité somme l’individu de quitter les lieux. En retour, il écope d’un « connard ! ». Le patient qui a perdu tous ses nerfs sort toutefois du cabinet.
Boum et au revoir…
À peine a-t-il refermé la porte qu’il flanque un coup de pied dedans. On retient que cet homme très énervé est dehors, et dans le cabinet, on respire. Pas longtemps… « Il prend une pierre et on entend un gros boum ». Le Dr Thierry Geuze, qui l’avait sommé de quitter les lieux, voit qu’une fenêtre du cabinet est complètement éclatée… et que l’individu est en train de s’en aller. « J’ai ouvert la portière côté passager de sa voiture et j’ai ôté la clé de contact ». Tandis que la secrétaire appelle la police, et elle « arrive en trois minutes ». L’individu sera auditionné dans la foulée.
Secrétaire, un sacerdoce
« Aujourd’hui, ce sont des insultes, et puis une fenêtre qu’on casse… Et demain, on crève nos pneus, on explose nos voitures ? ». Vingt ans que le Dr Isabelle Mariet-Lebel exerce. « Je me demande si je vais rester encore dix ans… Les gens ne sont jamais contents ». La secrétaire essuie déjà des réactions agressives plus souvent qu’à son tour, c’est même son lot quotidien. Nouvellement arrivée au cabinet, le Dr Élise Denis est directe. « Une affiche invite les patients à garder en tête qu’un rendez-vous pour un renouvellement d’ordonnance doit se prendre quinze jours, voire trois semaines en avance. Pourtant, la secrétaire se fait pourrir régulièrement. Les gens se montrent parfois infâmes avec elle ». Oui, il manque cruellement de médecins, et la Haute-Marne est notablement touchée. Et c’est à la secrétaire qu’on s’en prend. « On va faire comment ? On va nous laisser crever ? Vous irez à mon enterrement ! », lui assène-t-on sans précaution. Le Dr Mariet-Lebel pointe le symptôme d’un « déficit d’éducation ». S’il est pénible pour tous, un médecin « a besoin de calme pour avoir les yeux en face des trous ». Ce délitement des comportements devient assez prégnant et le Dr Geuze relève que dans les groupes de messagerie de professionnels, il participe de la grosse hésitation à s’installer, avec la rémunération.
« Il fallait qu’on s’exprime ». Au cabinet du Haut des Vignes, on rappelle que le patient a aussi des devoirs vis-à-vis de son médecin.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr