
Continuité écologique : le débat continue

ENVIRONNEMENT. Joël Agnus, président du SMBMA (Syndicat mixte du bassin de la Marne et de ses affluents) réagit à l’article du 21 janvier relatif à la continuité écologique vue par l’Association des Amis des Moulins et son président, Gérard Sellier.
« La loi portant lutte contre le dérèglement climatique a modifié le Code de l’environnement : tout ouvrage hydraulique doit être géré en concertation avec le propriétaire ou l’exploitant, sans remettre en cause son usage aux fins de production d’énergie. S’agissant des moulins à eau, la gestion des ouvrages de retenue est la seule modalité prévue pour les obligations relatives au franchissement par les poissons migrateurs et au transport suffisant des sédiments, à l’exclusion de la destruction de ces ouvrages. Ceci ne vise que les cours d’eau classés en liste 2 qui sont peu nombreux », rappelle le syndicat.
« Nous n’intervenons qu’à la demande des propriétaires. Le SMBMA gère de nombreux petits cours d’eau qui n’ont pas de capacité de production hydroélectrique. Les ouvrages de type vannage, près de 250 sur notre territoire, sont vétustes et à l’état d’abandon pour certains. Ils ne peuvent plus être manœuvrés lors des crues : dangereux, ils aggravent les inondations. Seule la Marne présente un potentiel hydroélectrique, mais à des prix exorbitants pour créer des passes à poissons en béton. Est-ce la biodiversité vue par les Amis des Moulins ?
« L’impact des barrages sur le milieu aquatique est très important (eutrophisation, réchauffement, perte des diversités d’habitat). L’eau stagnante en amont s’évapore beaucoup plus vite. De très mauvaise qualité, elle devient impropre pour le bétail. Des études sont menées avant toute intervention. La continuité écologique vise à assurer le transport des minéraux mais également la circulation des poissons. Il est demandé d’effacer l’effet induit par la présence des seuils et non pas d’effacer l’ouvrage. Pour cela, il y a plusieurs solutions techniques : l’effacement par destruction, passes à poissons, rampes en enrochement, rivières de contournement. Mais ces aménagements ne répondent que partiellement à la continuité écologique car ils ne permettent pas le transit sédimentaire.
« Au-delà de la loi, c’est un projet de territoire qui nous guide au service de nos administrés. Nous ne focalisons pas sur les ouvrages, mais réfléchissons à l’échelle du bassin : qualité physique des cours d’eau, restauration des zones humides, lutte contre les assecs. Nous travaillons à renforcer la résilience des rivières (capacité à lutter contre les agressions), enrichir la biodiversité, permettre les usages, par des Solutions Fondées sur la Nature (SFN).
Réflexion en cours pour le pont-barrage de Vecqueville
« Quant aux références des Amis des moulins : à propos du pont-barrage de Vecqueville, si une réflexion a bien porté sur son devenir par le SMBMA et l’usine Ferry Capitain car il devient vétuste, il n’a jamais été question de l’effacer puisqu’il permet d’alimenter le canal. L’effacement de l’ouvrage d’Humes-Jorquenay est bien prévu, mais pour lutter contre les inondations qui ont fortement touché les habitants en 2018. Ses infrastructures seront conservées pour le patrimoine qu’elles représentent ; un nouveau lit de la Bonnelle sera créé pour améliorer les écoulements. Si l’association des Amis des Moulins s’oppose à l’effacement de cet ouvrage, en portant une action en justice, elle devra assumer ses actes face aux riverains inondés.
« Il est bon de préciser que la Commission Européenne a adopté, en décembre 2021, un nouveau document avec comme but de libérer 25 000 km de rivières de tout obstacle, mais sans ventilation par pays : c’est bien la preuve de la nécessité d’agir pour la continuité écologique ! », explique Joël Agnus.
A la demande des communes ou des propriétaires
Le SMBMA, avec sa compétence Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), intervient sur 1 850 km de cours d’eau, soit un bassin versant de 2 600 km2, au service des 130 000 habitants concernés sur 248 communes. Depuis des années, le syndicat gère la restauration de la continuité écologique à la demande des communes ou des propriétaires. Cela contribue au plan de relance de l’économie face à la crise sanitaire. « Nous nous sommes engagés, avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie, sur 6 années, pour un programme de sept millions d’euros dont de nombreux effacements d’ouvrages demandés. Ce contrat nous permet d’obtenir des aides de l’Agence à hauteur de 90 % pour la restauration par effacement », souligne le syndicat.
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