Chaumont : « Sommes-nous condamnés à rester chez nous faute de trains ? »
Vie quotidienne. Maurice et Juliette, un couple de Chaumontais, ont vécu l’amère expérience de vouloir prendre un train pour Dijon le week-end. En fait, ils sont restés à quai et ont le sentiment d’être condamnés à ne plus sortir. Récit.
Il est souvent question, ici, de la difficulté de se rendre de Chaumont à Paris par le train et aux changements à la SNCF. La situation n’est pas plus enviable pour ceux qui veulent aller à Dijon. Maurice, 82 ans, et Juliette, 80 ans, peuvent en témoigner.
Ils habitent tous les deux à Chaumont et plus précisément rue de la Corniche. Lui a quelques problèmes de santé avec des dialyses régulières, le samedi matin et elle a souhaité organiser un weekend à Dijon. Et comme il est un peu fatigué par son traitement, ils ont envisagé de prendre le train plutôt que la voiture. En fait, ils n’ont fait que de l’envisager.
Des horaires et des trajets inadaptés
Juliette s’est rendue à la gare, le samedi matin, pour connaître les horaires de départ et là, elle avoue découvrir un nouveau monde. Elle, fille de cheminot et très attachée au service public. Au guichet, il lui est annoncé qu’il n’y a aucun train en début de soirée et que le seul qui existe pour ce jour part à 14 h, passe par Mulhouse et arrive à Dijon à 18 h 50. Un périple bien trop long pour un couple âgé.
Juliette ne se démonte pas et envisage un départ le dimanche matin sachant « qu’avant, il y avait un train dans la matinée ». Cette fois, il lui est répondu que les voyages vers Dijon, le dimanche, « sont très irréguliers ». Tellement irréguliers qu’il n’y en avait même pas. Juliette raconte qu’il ne restait plus que l’option du dimanche après-midi mais « pour un week-end à Dijon, c’est un peu tard » dit-elle avec humour. Le couple a donc renoncé à son séjour à Dijon où il devait passer une nuit.
« Pas de train »
D’ailleurs, Juliette en a profité pour demander les horaires de la semaine pour le même parcours. Il lui a été répondu qu’il n’y en a pas car « ils changent tout le temps ».
A noter que le couple a tenté à nouveau sa chance la semaine d’après avec une réussite tout aussi relative. « Le samedi après-midi, les trajets étaient un peu mieux. Par contre, le dimanche, soit nous passions à nouveau par Mulhouse, soit nous passions par Paris ». Problème : les horaires ne correspondaient en rien aux attentes du couple. Ils sont donc, une fois de plus, restés sur le quai et, pour eux, il est hors de question, à leur âge, de prendre le car de 6 h du matin.
Aller se faire soigner
Juliette s’interroge : « sommes-nous condamnés à ne plus sortir, à rester chez nous ? » Elle pense aux personnes âgées mais aussi celles qui n’ont pas le permis de conduire et surtout aux malades qui vont se faire soigner à Dijon. Elle remet là, sur le tapis, l’importance d’avoir des médecins à Chaumont et, pourquoi pas, de faire venir ceux de Dijon à Chaumont.
A ce sujet, Juliette s’inquiète. Elle a rendez-vous chez l’ophtalmo à Dijon, dans un an. Or, elle devra prendre le train aller à 9 h pour un retour à 18 h soit une journée complète. Il faut le rappeler. Elle aura 81 ans.
Juliette s’indigne : « régulièrement, il revient l’idée de pousser les personnes âgées à ne plus conduire car, paraît-il, elles sont dangereuses sur la route. Mais alors, que fait-on ? Si les cheminots de l’époque de mon père revenaient, ils seraient surpris ».
Dans les faits, l’expérience de Maurice et Juliette résume assez bien le vécu des usagers de la SNCF au quotidien avec, comme elle l’exprime, « des cadencements irréguliers, inadaptés et aléatoires tout comme les trajets surprenants qui vous promènent dans toute la France ».
Frédéric Thévenin