Compter les chauves-souris pour mieux les protéger
Samedi 13 et dimanche 14 janvier, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Champagne-Ardenne a procédé au comptage des chauves-souris du département. Cette collecte d’informations, qui répond à plusieurs exigences – la protection des espèces et de leur habitat – n’est réalisée qu’une seule fois par an, en période d’hibernation.
Environ 70 personnes ont été mobilisées tout le week-end pour ce comptage : la nouvelle responsable du projet pour l’Aube et la Haute-Marne, Salomé Néel, mais aussi de nombreux bénévoles expérimentés, ainsi que des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB).
Plus de 900 chiroptères ont ainsi été dénombrés samedi dans plusieurs sites haut-marnais connus des spécialistes : grottes, tunnels et autres cavités rocheuses à l’abri des regards et de l’activité humaine. Ces sites ont plusieurs points communs : une température stable de 10 à 12º C, avec un taux d’humidité constant pour que leurs ailes ne s’abîment pas. Les chauves-souris étant une espèce protégée depuis 2007, il est interdit de les détruire ou de les perturber, notamment en dégradant leurs sites de reproduction ou de repos.
La période la plus sensible pour les chauves-souris en hibernation s’étend de fin octobre à fin mars. Sur cette période, ces espèces sont extrêmement sensibles à différentes perturbations, qu’elles soient sonores, lumineuses ou calorifiques.
Un bénévole rencontré sur l’un de ces sites, dans une commune associée à Colombey, explique : « Voilà 40 ans que je m’intéresse aux chauves-souris. Il faut bien faire attention au moment du comptage, ne pas faire trop de chaleur pour ne pas les réveiller, ne pas non plus les prendre en photo directement. Car un réveil brutal peut leur faire perdre un mois de réserve de graisse, ça peut même leur être fatal. Il faut inspecter toutes les failles, mémoriser le nombre d’individus rencontrés puis tout noter ensuite dans un carnet ».
Ainsi Apolline, Quentin, Jean-Bernard et Nicolas ont exploré la grotte méticuleusement, munis de leur lampe de poche et de leur carnet, en toute discrétion. Pas moins de 222 chauves-souris ont été recensées sur ce site, qui est connu des spécialistes depuis plusieurs décennies. Deux grandes “grappes” de 37 et de 105 chauves-souris ont même été observées, regroupées sur une paroi rocheuse.
Quatre espèces ont été reconnues : 130 petits rhinolophes, quatre murins à moustache, 87 grands rhinolophes et un murin “sp” (une espèce de la famille des myotis). C’est un résultat stable sur ce site par rapport aux autres années. Il existe une vingtaine d’espèces de chiroptères dans notre région. La France en compte plus de trente. « C’est une espèce parapluie, la chauve-souris ne se nourrit que d’insectes. La présence de chauves-souris est un bon indicateur, elle signifie que le milieu naturel fonctionne bien. » a précisé Quentin, de l’OFB.
De notre correspondante Aurélie Chenot
Salomé Néel, nouvelle protectrice des chauves-souris
Salomé Néel est titulaire d’un Master en Ecologie opérationnelle. Après un premier poste de chargée de mission biodiversité en Haute-Savoie, elle a souhaité se consacrer au domaine particulier des chauves-souris.
Elle a débuté au Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Champagne-Ardenne, à Rosières-près-Troyes, en juin 2023, comme chargée de projets chauves-souris sur les territoires de l’Aube et de la Haute-Marne. L’objectif de ce poste est de mieux connaître les chauves-souris et de les préserver.
Salomé accompagne également les acteurs du territoire – qu’il s’agisse des communes, des entreprises, des associations ou des particuliers – sur cette thématique. « Mes missions sont variées : je fais du radiopistage, je réalise des analyses acoustiques, ou bien je prospecte dans diverses cavités et bâtisses » explique la protectrice des chauves-souris, secondée dans son action par des bénévoles passionnés.