Compagnon violent à Saint-Dizier
Tribunal correctionnel. « Je n’avais pas l’intention d’être violent ». Housseyn Amara l’a été, mardi 30 janvier 2024, à Saint-Dizier. La mère de ses enfants a attesté avoir été violentée. Des photographies en attestent, nul certificat médical ne figure toutefois au dossier, la victime n’ayant pas souhaité se soumettre à un examen au Centre hospitalier de Saint-Dizier.
Contestant avoir porté « des coups de poing et coups de pied », reconnaissant avoir mis « une gifle » à la mère de ses enfants, le prévenu aurait été dénigré, poussé à bout, pour ainsi dire. « Elle m’a demandé d’aller acheter du lait, quand je suis revenu, elle discutait en visio avec une copine, elle disait que je n’avais pas d’argent, elle me critiquait, je n’ai jamais été violent, je me suis énervé », assura le prévenu, avec le concours d’un interprète en langue arabe.
Alors, un agneau ? Interrogé par le président Morelière, le prévenu, décrit comme « très pratiquant » par la victime, le reconnaît, « oui, je ne supporte pas qu’elle sorte avec des vêtements serrés », de premières violences auraient été commises en juin 2023, là encore, le prévenu reconnaît avoir « frappé ». Jusqu’alors inconnu de la justice, de nationalité algérienne, arrivé en France en 2020, en situation irrégulière, visé par une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), coiffeur dans un salon bragard, « le gérant est français, il est en prison, je travaille 60 h par semaine et gagne entre 600 et 800 euros par mois », Housseyn Amara peine à gérer sa frustration, à intégrer certains principes, aussi. « J’ai ma fierté, je n’aime pas qu’on me parle mal. (…) J’assume financièrement ce qu’elle me demande, tout ça, c’est une histoire familiale ».
« Une gifle de trop »
De quoi susciter l’ire de madame le procureur Pelletier. « Ce qui se passerait au domicile familial ne concernerait personne ? Monsieur fixe ses propres règles en dépit des lois de la République. (…) Monsieur est violent, il est dans une situation sociale et personnelle difficile, je note également une forme de déni », nota la représentante du ministère public avant d’appeler le tribunal à condamner le prévenu à une peine de douze mois de prison ferme complétée d’une interdiction de paraître en Haute-Marne d’une durée de trois ans et d’une interdiction de contact avec la victime.
Des réquisitions excessives aux yeux de Me Laloz. « Monsieur reconnaît les faits, je rappelle qu’il n’est pas poursuivi pour les faits datant du mois de juin évoqués au cours des débats. Monsieur reconnaît avoir porté une gifle, pas des coups de poing, quand on prend pour argent comptant la parole des victimes, celle des prévenus n’a plus aucune valeur ! Monsieur minimise les faits ? Madame les grossit ! Mais ce que dit madame est certainement parole d’Evangile… Madame le dit, elle souhaite une relation stable, rester en contact avec lui. (…) Contrairement à de nombreuses personnes, qu’elles soient ou non de nationalité française, monsieur travaille, il ne demande aucune aide à l’Etat. (…) Oui, c’est une gifle de trop, mais il faut rester mesuré ! »
Décision ? Huit mois de prison, dont trois avec sursis, maintenu en détention, Housseyn Amara devra respecter une interdiction de contact avec la victime d’une durée de trois ans.
T. Bo.