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Commerces : le ramassage des cartons désormais facturé

Le ramassage a lieu au centre-ville tous les jeudis après-midi. (Photo d’archives jhm)

INSERTION. Pour faire face à la conjoncture, le chantier d’insertion de l’Esat du Bois l’Abbesse facture, à compter de ce mardi 15 novembre, le ramassage jusqu’alors grâcieux des cartons des commerces. Explications.

Chaque jeudi midi ou après-midi, dans tout le centre-ville de Saint-Dizier, c’est devenu un rituel : les commerçants sortent leurs cartons, fruit de la marchandise reçue la semaine écoulée, devant leur boutique, sur le trottoir. Les cartons tout neufs sont pliés et déposés à côté des poubelles. Bien avant le passage des camions de ramassage des ordures tôt le lendemain matin, ce sont ceux de l’association Ajal depuis 2014, du Bois l’Abbesse depuis 2020 et la fusion absorption de la première citée, qui anticipent la tournée.

Le ramassage permet au chantier d’insertion de l’Esat (Etablissement et service d’aide par le travail), dont les ateliers se trouvent avenue du Général-Sarrail, d’avoir de la matière première gratuite pour faire ce que l’on appelle des “balles de cartons” de 500 kg entourés de fil en acier. L’association les revend ensuite afin de rémunérer les travailleurs du chantier d’insertion.

« Le cœur de notre métier, c’est l’insertion professionnelle »

Problème, malgré cet apport gratuit, le Bois l’Abbesse fait face à une conjoncture compliquée, entre les tarifs de l’essence, le prix de la tonne de carton qui ne joue pas en sa faveur, le coût de fonctionnement de son service et les salaires : cette année, le service est passé de douze à 19 ETP (équivalent temps plein). « Le cœur même de notre métier, c’est de faire de l’insertion professionnelle », insiste Jean Vampouille, directeur du secteur travail protégé et insertion professionnelle du Bois l’Abbesse.

Pour « faire face à cette conjoncture, nous sommes amenés à revoir notre fonctionnement et nos pratiques en mettant en place un barème de tarification de nos services », indique Jean Vampouille, dans un courrier distribué à 139 commerçants en octobre.

Dans ce courrier, le directeur invite les intéressés à formaliser avec l’association un contrat de partenariat pour la collecte des cartons, avec trois formules possibles : 40 euros par mois pour maintenir la collecte telle qu’elle se fait aujourd’hui ; 26 euros pour un enlèvement ponctuel de grosse quantité ; ou un contrat gratuit, qui permet aux commerçants de déposer leurs cartons directement sur le site.

Quarante euros par mois, cela représente une somme de 480 euros annuels pour les commerçants, ce qui n’est pas anodin, surtout dans la conjoncture actuelle. Plusieurs d’entre eux ne comprennent pas pourquoi payer alors qu’ils mettent à disposition de l’association de la matière première gracieusement. « On paye déjà les taxes pour l’enlèvement des déchets, on ne va pas en payer une supplémentaire », peste une commerçante du centre-ville. Une tendance qui se confirme par les chiffres : aujourd’hui, sur 139 courriers envoyés, le Bois l’Abbesse n’a reçu que quatorze retours, dont neuf positifs avec différentes formules, alors qu’elle avait invité les intéressés à répondre pour le 25 octobre, pour une mise en route ce mardi 15 novembre.

Jean Vampouille laisse entendre qu’il faut sans doute laisser un peu plus de temps pour sensibiliser les commerçants et faire de la pédagogie. « On alerte tout le monde là-dessus. »

N. F.

n.frise@jhm.fr

Pourquoi facturer le ramassage ?

Ce n’est pas de gaieté de cœur que Jean Vampouille a adressé le courrier aux commerçants. Pour le directeur du secteur Travail protégé et insertion professionnelle du Bois l’Abbesse, il en va du maintien de l’atelier et du travail d’une vingtaine de salariés. « Depuis que l’on a repris l’activité de l’Ajal, nous avons absorbé les déficits de 2019 et 2020, investi 100 000 euros dans une presse, et 15 000 pour les vestiaires, les locaux et la sécurité au travail dans son ensemble », indique le directeur. Le déficit s’est creusé en 2020 et 2021 et le Covid n’a pas aidé l’activité à se maintenir correctement, avec la fermeture des magasins « non essentiels ». « Là on est au bout du déficit, on espère pouvoir juste équilibrer les comptes », reprend Jean Vampouille qui a envoyé un dossier auprès du Fonds social européen (FSE), mais dont il ne bénéficiera qu’en 2025. Il faut ajouter à cela le prix des bobines de fil qui entourent les balles de carton – « le prix du metal a doublé » – et celui du carburant. Et lorsque deux balles de cartons de 500 kg chacune ne rapportent que « 68 à 80 euros », la rentrée d’argent est dérisoire. « Sans aucune subvention municipale », l’association continue à chercher des solutions parmi lesquelles « le contrat de collecte » à Saint-Dizier mais aussi Joinville, Wassy et Montier-en-Der. « Tout ce que l’on veut, c’est équilibrer les comptes, il ne manque pas grand-chose avec nos 40 000 euros de déficit en 2022. »

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