Emploi : Comment la Haute-Marne se positionne dans le Grand Est ?

Le conseil économique social et environnemental régional, composé de socio-professionnels, scrute à la loupe la conjoncture économique et sociale dans le Grand Est. Ses dernières notes de conjoncture, en date de fin septembre, évoquent bien sûr l’emploi. Voilà ce qu’il faut en retenir.

Effectifs salariés à la hausse. Fortement impacté sur l’année 2020, le marché du travail a connu une reprise très soutenue à partir de début 2021, lui permettant de retrouver rapidement son niveau d’avant-crise. Au premier trimestre 2022, on compte près de 18,57 millions d’emplois salariés privés en France métropolitaine, 600 000 de plus sur une année, soit une progression de 3,3 % contre 2,2 % pour le Grand Est. Dans notre Région, 26 des 27 zones d’emploi recensent une augmentation des effectifs salariés sur un an. Si la majeure partie du territoire enregistre des hausses allant de 2 à 3 %, quelques zones d’emploi affichent de fortes progressions (5,3 % à Forbach, 4,2 % à Epernay, 3,9 % à Saint-Dié-des-Vosges), quand d’autres territoires présentent une croissance plus mesurée, d’environ 1 % (Strasbourg, Sarreguemines, Bar-le-Duc, Romilly-sur-Seine). Et la Haute-Marne dans tout ça ? On y crée aussi des emplois : + 1,6 % dans le centre et le sud de la Haute-Marne et + 2,6 % dans le nord Haute-Marne. C’est peu ou prou dans la moyenne régionale.

Les secteurs qui créent de l’emploi. Globalement, dans le Grand Est, les services et la construction créent de l’emploi quand l’industrie et le commerce souffrent davantage.

– Services : + 4,1% soit + 29 913 emplois sur un an. Le tertiaire marchand a été le pan de l’économie le plus impacté par la Covid-19, mais c’est aussi le plus dynamique depuis la reprise, le tertiaire non marchand étant plutôt stable.

– Construction : + 1,6 % soit 1 824 créations de postes sur une année. En constante progression depuis 2017, c’est le seul secteur à avoir présenté une augmentation des effectifs durant l’épidémie.

– Commerce : – 0,5 % soit – 1 120 postes ; l’emploi varie peu depuis 2015, mais s’érode légèrement depuis un an.

– Industrie : – 0,4 % soit – 1 185 emplois, l’industrie continue de baisser, mais il est à noter qu’il s’agit du plus faible recul de l’effectif depuis 2015.

L’intérim en baisse. Alors que la crise Covid a divisé par plus que deux les effectifs de l’intérim, faisant passer leur nombre dans la région de 64 500 en février 2020 à 28 000 en avril, la reprise a été forte dès l’été 2020. Le niveau d’avant-crise a même été dépassé fin 2021. Un pic a été atteint en janvier 2022, à 72 568. Depuis, l’effectif s’amenuise, et on comptabilise 67 215 emplois intérimaires en juin 2022. Sur un trimestre, tous les départements sont à la baisse, de – 0,3 % dans la Meuse à – 9,1 % dans les Vosges. Hormis le commerce, tous les secteurs d’activités sont concernés par le recul observé depuis février. Cependant, sur un an, l’intérim progresse encore de 8,3 % dans le Grand Est, contre 4,4 % en France. Dans la région, 45 % des intérimaires exercent dans l’industrie, 32 % dans le tertiaire, 15 % dans la construction et 8 % dans le commerce.

La Haute-Marne suit globalement les courbes du Grand Est avec une baisse de l’emploi intérim lors du dernier trimestre (- 6,2 %) mais avec une hausse globale de 7 % sur les douze derniers mois.

Baisse significative du chômage. Après une année 2020 particulièrement chahutée (forte baisse artificielle liée au chômage partiel et à l’arrêt de recherches actives d’emploi, suivi d’un pic à l’été), le taux de chômage s’était stabilisé en 2021 aux alentours de 7,8 %, en Grand Est comme en France. Au premier trimestre 2022, le chômage régional comme national s’établit à 7,1 %, son plus bas niveau depuis 2008 (excepté la baisse artificielle du chômage au deuxième trimestre 2020). Au niveau infra-régional, les forts contrastes subsistent : plusieurs zones d’emploi affichent un taux aux alentours des 5 % (Epernay, Sarrebourg, Haguenau, Sélestat), taux qui est doublé à Charleville-Mézières (10,1 %) ou Forbach (11,5 %).

On le voit, la Haute-Marne n’a pas à rougir de sa situation sur le front de l’emploi. Le centre et le sud du département affichent les résultats comptant parmi les meilleurs de la Région (5,2 %) alors que le nord de la Haute-Marne se situe légèrement au-dessus de la moyenne régionale (7,6 %).

Ça va mieux sur le front du chômage des jeunes. Après un impact important de la crise Covid-19 sur le marché de l’emploi des moins de 25 ans (+ 13 % de demandeurs d’emploi), c’est aussi le public qui a le mieux rebondi. En effet, avec un total de 52 080 jeunes au deuxième trimestre 2022, nombre le plus faible depuis 2008, on compte 12 500 demandeurs d’emploi de moins de 25 ans en moins en deux ans dans le Grand Est. L’ensemble des départements présente une réduction du nombre de jeunes demandeurs d’emploi sur un an (de – 7,5 % dans les Ardennes à – 15,9 % en Moselle), même si les baisses sont moins accentuées ce trimestre. L’évolution est encore plus favorable au national qu’au régional (- 15,8 % contre – 14 % et – 2,1 % contre – 1,2 %).

Longtemps talon d’Achille de l’emploi dans le département, comme l’est aussi le chômage de longue durée, le chômage des moins de 25 ans recule. Il baisse de 2,4 % durant le deuxième trimestre 2022 et recule de 14,2 % sur une année. Ce sont des meilleurs résultats que les moyennes régionales.

C. C.

Sources : tableau de bord n°18 (27 septembre 2022) du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser).