Comme une transition – L’édito de Christophe Bonnefoy
La reine est éternelle, vive la reine ! Il y a ce que les Britanniques souhaitent, et il y a ce qui est vraiment. Elizabeth II n’a ainsi pas prononcé le discours du trône ce mardi. En soi, il n’y aurait rien d’alarmant, on dit la monarque de 96 ans handicapée par des problèmes de mobilité. Et même, qu’elle garderait ses forces pour son jubilé de platine : ses 70 ans de règne, pas moins.
C’est seulement la troisième fois que Sa Majesté ne prononce pas ce discours qui marque l’ouverture de la session du Parlement. Et encore, les deux fois précédentes n’étaient pas dues à l’âge, mais à deux grossesses, en 1959 et 1963.
Les soucis de santé récurrents, depuis quelques mois, de la « maman » de nos voisins d’outre-Manche, les ont habitués à l’idée qu’une transition, en douceur, est forcément en train de s’opérer. La monarchie la plus emblématique – people parfois ? – de la planète prépare la suite. C’est d’ailleurs le prince Charles, accompagné de William, qui est venu se présenter devant le Parlement. Un signe fort, un peu comme pour dire que la vie continuera de toute façon ; que Charles sera bientôt amené à régner ; puis son fils après lui. Et que la reine, à l’image de son règne, n’en aura jamais, ni trop fait, ni pas assez. Une monarchie clinquante par bien des aspects, si l’on peut dire, mais responsable et pragmatique. Réaliste, au regard des années qui s’égrainent inlassablement.
Alors la reine, éternelle ? Elle le restera toujours dans l’esprit des Britanniques, forcément. Un peu comme l’icône qui marque l’Histoire.
Mais si son absence, ce mardi, n’a pas changé la face du pays, elle a incontestablement marqué un tournant. Un début de tournant. Sans ambiguïté.