Comme un seul homme – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il ne faut pas se leurrer. Gabriel Attal, seul, certains diront esseulé, face aux questions de la représentation nationale, cela ne veut pas dire que le Premier ministre la jouerait en solo au sein du gouvernement. Appliquer la politique choisie par Emmanuel Macron reste un travail d’équipe. L’expliquer, en revanche, semble bien devenu, pour un temps en tout cas, l’affaire d’un unique porte-parole. Volonté d’éviter les couacs connus par le passé ? Ou d’endosser le rôle de punching-ball face à la virulence des oppositions – et donc préserver ses ministres – ?
Comme de bien entendu, après coup, les avis divergeaient, sur le fond, comme sur la forme après la première de ce mercredi. Certains auront dénoncé un one-man-show. D’autres, à l’inverse, identifié un exercice à parfaire mais qui, au moins, a le mérite d’une certaine cohésion dans les réponses.
Reste que cette nouvelle formule – un Premier ministre qui répond seul aux questions des députés – risque d’aller à l’encontre de ce que doit être l’Assemblée. Contrairement aux idées reçues, l’hémicycle n’est pas (tout le temps) qu’une tribune politique, dont l’unique objectif serait de lancer ses punchlines destinées au journal de 20 heures. N’oublions en effet pas que nos élus sont là, surtout, pour discuter projets, lois, vie quotidienne et confronter les idées. Souvent sur des dossiers techniques. Et en l’occurrence, interroger les ministres, c’est s’assurer que l’interlocuteur connaîtra par définition parfaitement les dossiers et pourra apporter des réponses précises. Ne trouver face à soi que le Premier ministre peut donner l’impression d’écouter un discours de politique générale. A peaufiner, donc.
c.bonnefoy@jhm.fr