Comme un pinson – L’édito de Christophe Bonnefoy
Dit avec le sourire, ça passe toujours mieux. Exprimé avec humour, ça peut donner le sentiment que tout va bien. Si on y ajoute un brin de poésie, alors on peut même faire prendre un mammouth pour un colibri.
Lors de sa conférence de presse, hier, le ministre de l’Education semblait gai comme un pinson. Enfin… un colibri, pour le coup.
Après l’épisode calamiteux de juin et des copies devenues moyen de pression contre la réforme du bac, voilà Jean-Michel Blanquer résolument positif, à quelques jours de la rentrée scolaire. Méthode Coué ? Peut-être. Le pachyderme ne serait ainsi plus cet empêcheur de tourner en rond mais se serait transformé en oiseau dont la particularité est d’être aussi petit qu’il est capable de grandes choses, lorsqu’il unit ses forces à celles de ses semblables. « Personnels de l’Education nationale, soyez positifs, donnez-vous la main et tout ira bien ». C’est en substance le conseil du ministre à ceux qui, déjà, pourtant, sont dans les starting-blocks. Pour accueillir lundi les élèves, bien sûr, mais aussi pour dénoncer ce qui à leurs yeux ne change pas d’une année sur l’autre : classes en sureffectif, carence en matériel, et plus largement – problème récurrent, et pas que chez les profs -, manque de considération.
Jean-Michel Blanquer a essayé, ce mardi, d’apporter des pistes. En matière d’effectifs dans les classes, donc. Egalement de prise en compte du handicap – ça s’appelle l’inclusion. Il a aussi esquissé quelques mesures face aux violences à l’école et, c’est complètement dans l’air du temps, a placé l’environnement au cœur des actions au sein des établissements. Louable.
Mais attention, le colibri veille (tout comme les parents). Et si le mammouth était difficile à bouger, le petit oiseau, lui, n’est pas avare de coups de bec lorsqu’il doit se défendre. Comme tous les ans, la rentrée sera à haut risque. Même avec le sourire.