Comme le lait sur le feu – L’édito de Christophe Bonnefoy
La question n’est pas tant de savoir si ce qu’on appelle les Convois de la liberté existe vraiment. C’est une réalité. Pour preuve, ces chenilles mécaniques au départ de nombreuses villes de France, direction la capitale.
Bloquer Paris ? Il semble bien que la préfecture ait apporté une réponse claire, et ferme, à l’objectif avoué des manifestants. Interdiction des Convois aux portes de la ville, tout simplement. Reste à savoir si la colère fera alors marche arrière ou si le passage sera forcé.
Les interrogations sont ailleurs. D’abord sur ceux qui composent ces Convois. Impossible d’affirmer qu’ils appartiennent à telle ou telle catégorie de la population. Le contenu même de leurs revendications, ensuite, reste extrêmement hétérogène. Entre prix de l’essence et pouvoir d’achat, entre refus du pass vaccinal – officiellement le déclencheur – et sentiments beaucoup plus diffus, le gouvernement va moins devoir se méfier d’un mouvement naissant que de ce qu’il va devenir. Comment apporter des réponses rapides et satisfaisantes, quand les revendications sont à l’évidence mouvantes… ?
Emmanuel Macron a forcément en tête le mouvement des Gilets jaunes. Il ne voudra évidemment pas voir se transformer ces Convois de la liberté en un train d’ennuis interminable, qui pourrait facilement mener jusqu’au premier tour de la présidentielle. Autrement dit devenir tellement radical, qu’il en serait incontrôlable.
Les Gilets jaunes sont nés au milieu du quinquennat. Les Convois de la liberté s’ébranlent à un peu plus de deux mois de l’élection. Tout est dit.