Comment la cathédrale Saint-Mammès a perdu une partie de son trésor
Si le trésor de la cathédrale comprend toujours des reliques de Saint Mammès, l’une d’entre elles, le supposé humérus du martyr grec, s’est vue amputée en 1726, afin d’être donnée à la Ville de Sceaux où Saint Mammès a toujours joui d’une grande ferveur. Explications.
C’est un acte rare qu’a consenti l’évêque de Langres, Mgr Pierre de Pardallian de Gondrin d’Antin, en 1726. Celle d’accepter de céder, sans compensation, une partie du trésor de sa cathédrale. Saint-Mammès de Langres comptait alors trois reliques du saint martyr grec, soigneusement conservées et protégées. Mais, cette année-là, nous apprend l’historien Auguste Coulon dans la revue Analecta Bollandiana, le puissant duc du Maine est soucieux de renforcer la foi autour de Saint-Mammès dans sa ville de Sceaux (actuels Hauts-de-Seine), qui y bénéficiait d’un culte, alors déclinant, dans une chapelle de l’église Saint-Jean-Baptiste et ce depuis le Moyen-âge.
Le duc sollicite à cet effet l’évêque de Langres, qui se trouve être son neveu, comme l’indiquent Pierre Gasnault et Jannic Durand, dans le Bulletin des antiquaires (2002). Mgr de Pardallian de Gondrin d’Antin décide alors de faire don d’une partie de l’humérus supposé être celui de Saint Mammès, et conservé en la cathédrale dans un précieux reliquaire de vermeil doré. Le 26 juillet 1726, la relique est exhumée, et deux chirurgiens de Langres, spécialement convoqués par l’évêque, scient une portion de 1,5 cm, qui est ensuite déposée dans une boîte en argent ensuite cachetée par l’évêque qui y appose son sceau.
La relique est ensuite emmenée à Sceaux, où le curé l’entrepose provisoirement dans le château de la cité francilienne. Le 22 septembre 1726, l’archevêque de Paris en personne, Mgr Louis-Antoine de Noailles préside à l’exposition de la relique qui est ensuite tranlatée dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Le reliquaire argenté est, quelques années plus tard, remplacé par un doré, spécialement commandé par le duc de Maine. Par la suite, la relique et sa boîte dorée furent sauvées, durant la Révolution, par un nommé Jean-Baptiste Maufra. Elle firent leur retour dès 1801, et se trouvent toujours en l’église Saint-Jean-Baptiste aujourd’hui.
Nicolas Corté