Comme au poker – L’édito de Christophe Bonnefoy
Emmanuel Macron et ses partenaires européens sont-ils psys, hypnotiseurs, marabouts même ? Face à Donald Trump, il faudrait sans doute qu’ils soient un peu de tout ça. Bien malin en effet, celui ou celle qui peut prévoir quelles décisions est capable de prendre le président américain. Il peut, par exemple, faire cause commune un jour avec le chef de l’Etat français, quasiment l’enlacer… et le lendemain planter dans le dos de son meilleur ami un couteau aussi long que celui d’un dépeceur.
On vient de le vérifier lors du G7. Tous contre Trump. Trump contre tous. D’un côté comme de l’autre, en apparence pas question de faire des concessions, chacun pour soi. Unis pour le meilleur, contre le supposé pire.
Mais en fait, si on y regarde de plus près, Européens et Américain(s) jouent le même jeu. Seule la façon de jouer diffère. Emmanuel Macron, par exemple, et même lorsqu’il se veut ferme, applique les bons vieux préceptes de la diplomatie : les discours sont policés face aux médias, tout se joue en coulisses. A l’inverse, Donald Trump attaque fort, avec des mots souvent outranciers. Mais lui aussi laisse la main à ses négociateurs, dès que les caméras s’éteignent ou qu’il coupe son téléphone – et Twitter -. Deux tactiques différentes, deux approches antinomiques en apparence. Mais au final, souvent, des coups de bluff mutuels qui aboutissent, fort heureusement, à une quasi-normalisation, à un moment ou à un autre, sur les sujets qui fâchent.
On est un peu là dans ce qui prédomine au sein de la société dite moderne. Le milliardaire agit comme à la tête d’une multinationale : il exige – ou impose – beaucoup en sachant pertinemment qu’il obtiendra un peu moins… mais assez tout de même. Il suffit, pour le coup, à ses adversaires de comprendre les règles sans s’affoler face à ses délires pour arriver à tempérer ses ardeurs.