Ukraine : Ina, mère de famille déracinée
Agée de 42 ans, Ina est la mère de jumeaux de 15 ans. Elle a décidé de quitter l’Ukraine pour sa famille et pour les mettre en sécurité. Elle n’a qu’un espoir : que la guerre cesse au plus vite pour retourner dans son pays.
Ina vit à Dniepropetrosk ; la ville la plus proche de l’exploitation agricole de la société AgroKMR. Elle y travaille et a même de grandes responsabilités en tant que directrice manageuse. Elle aime son travail « plus que tout » et se désole d’avoir abandonné ses terres au moment des semis ; une période cruciale pour les cultures de céréales et oléagineux.
Au début du mois de mars, lorsque les gérants de la société ont proposé de quitter l’Ukraine pour rejoindre la France, elle n’a pas hésité, pour autant, très longtemps. Elle avait confiance et surtout elle voulait mettre à l’abri sa famille : ses jumeaux de 15 ans dont elle a seule la responsabilité puisqu’elle est divorcée.
Une famille qui se nourrit d’espoir
« La première raison de mon départ est mes enfants » dit-elle. Elle ne cache pas sa gratitude pour toutes les personnes qui les aident. Elle vante la gentillesse et les mérites de ceux qui ont exfiltré toutes les familles : femmes et enfants.
Ina témoigne de bombardements qui s’amplifiaient au fil des jours et du danger qui se rapprochaient. Aujourd’hui, elle se sent « calme et plus apaisée car ses enfants sont en sécurité » mais elle ne cache pas sa peine en pensant à tous ceux qui sont restés là-bas.
La jeune femme se nourrit de l’espoir de repartir au plus vite dans son pays. Elle y pense chaque minute et explique ne pas comprendre cette guerre et cette agression par la Russie. « C’est inexplicable ».
Arrachée à son pays qu’elle aime tant, Ina souhaite que personne ne vive un tel enfer. Avec quelques larmes au bord des yeux, elle dit espérer qu’un jour « tous les peuples s’unissent ».
Frédéric Thévenin
Inès, la traductrice
Pour communiquer plus facilement, Pascal Babouot, le maire de Colombey, a trouvé trois traductrices issues de son territoire. Parmi elles, Inès d’origine Biélorusse. Elle est en France depuis 2016. Mariée à un vigneron, elle est psychologue et professeur. Et comme tout le monde, elle a été surprise par cette guerre « extrêmement grave ». Elle explique assister à l’affrontement de pays frères ayant la même langue et la même culture. Elle constate avec effroi les familles qui se disloquent, qui s’opposent et les tensions qui naissent partout.